
C'est quoi l'eau coranisée?
par Salima Bachar
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Qu'est-ce que l'eau coranisée?
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On pourrait voir l’eau coranisée comme une petite goutte d’éternité. Dans la tradition musulmane, elle porte mille symboles... Certains la comparent à un trésor invisible...chargé de prières et d’intentions pures. Cette eau n’est pas seulement liquide : elle est pensée, souffle, et sacré.
- Mais comment cette transformation opère-t-elle ? Il suffit de réciter des versets du Coran avec une dévotion sincère. Un mélange de mots célestes et de foi, destiné à métamorphoser une simple eau en véritable alliée spirituelle. On l’utilise alors pour des gestes pleins de sens : une ablution avant la prière, un objet nettoyé pour en capter l’énergie, ou encore un rituel intime chargé de bénédictions.
- Chaque communauté musulmane a ses façons de faire, ses traditions uniques. Mais partout, l’eau coranisée raconte la même histoire : celle d’un lien invisible entre l’humain et le divin, où chaque goutte devient messagère d’intentions. Une pratique ancrée dans le respect, la foi, et la beauté des gestes simples.
Comment coraniser l'eau?
- Préparer de l’eau coranisée, c’est comme tisser un lien intime avec l’invisible. C’est un moment de calme, de foi, et de gestes simples mais puissants. Voici comment faire, étape par étape, en honorant ce rituel sacré.
- Un point de départ pur. Prenez une bouteille d’eau. Pas une eau quelconque, mais une eau claire, limpide, sans la moindre impureté. Imaginez-la comme une toile vierge prête à recevoir des mots sacrés.
- Un endroit qui apaise. Trouvez un coin où rien ne viendra troubler votre esprit. Cela peut être une pièce baignée de silence, un endroit que vous aimez, ou même un petit coin que vous rendez sacré par votre intention. La pureté de l’environnement nourrit celle de l’instant.
- Un cœur et un corps préparés. Avant de commencer, faites vos ablutions. Ce n’est pas qu’une question de nettoyage. Ces gestes, eux aussi, sont des prières. L’eau glisse sur vos mains, votre visage, vos pieds, emportant distractions et pensées parasites. Vous êtes prêt(e).
- La récitation des mots divins. Prenez un moment pour vous concentrer. Les versets d’Al-Ikhlas, d’Al-Falaq et d’An-Nas sont souvent récités pour leur puissance protectrice. Mais ici, il ne s’agit pas de réciter mécaniquement. Chaque mot doit résonner, non seulement dans l’air, mais dans votre être. Vous pouvez les murmurer doucement, comme un chant intérieur.
- Le souffle du cœur. Approchez-vous de l’eau et soufflez dessus, lentement, avec douceur. Imaginez que ce souffle, presque imperceptible, transporte les bénédictions des versets jusque dans l’eau. C’est comme si vous lui donniez vie.
- Une eau pour mille usages. Cette eau coranisée peut maintenant servir à tout ce qui élève : purifier avant la prière, bénir un objet, ou même être bue dans un moment de recueillement. Chaque usage porte en lui l’intention qui l’a créée.
- Les nuances des traditions. Selon les communautés, les étapes peuvent légèrement changer. Certaines ajoutent des prières spécifiques, d’autres préfèrent réciter des sourates supplémentaires. Mais au fond, c’est l’intention qui transcende ces différences.
- Créer de l’eau coranisée, ce n’est pas simplement suivre un mode d’emploi. C’est une invitation à ralentir, à vous ancrer, à ressentir. Chaque geste devient une offrande, chaque mot une passerelle entre vous et quelque chose de plus grand.
Eau coranisée: quels versets?
Lorsque l'eau est coranisée...cela signifie qu'elle est bénie ou consacrée en utilisant des versets spécifiques du Coran. Les hadiths ou versets couramment utilisés pour coraniser l'eau sont les trois dernières sourates du Coran : Al-Ikhlas (Le Monothéisme Pur), Al-Falaq (L'Aube Naissante) et An-Nas (Les Gens). Voici ces versets :
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Al-Ikhlas (Le Monothéisme Pur) : قُلْ هُوَ ٱللَّهُ أَحَدٌ اللَّهُ ٱلصَّمَدُ لَمْ يَلِدْ وَلَمْ يُولَدْ وَلَمْ يَكُن لَّهُۥ كُفُوًا أَحَدٌۭ
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Al-Falaq (L'Aube Naissante) : قُلْ أَعُوذُ بِرَبِّ ٱلْفَلَقِ مِن شَرِّ مَا خَلَقَ وَمِن شَرِّ غَاسِقٍ إِذَا وَقَبَ وَمِن شَرِّ ٱلنَّفَّـٰثَـٰتِ فِى ٱلْعُقَدِ وَمِن شَرِّ حَاسِدٍ إِذَا حَسَدَ
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An-Nas (Les Gens) : قُلْ أَعُوذُ بِرَبِّ ٱلنَّاسِ مَلِكِ ٱلنَّاسِ إِلَـٰهِ ٱلنَّاسِ مِن شَرِّ ٱلْوَسْوَاسِ ٱلْخَنَّاسِ ٱلَّذِى يُوَسْوِسُ فِى صُدُورِ ٱلنَّاسِ مِنَ ٱلْجِنَّةِ وَٱلنَّاسِ
Comment coraniser l’eau ? Il suffit de réciter des versets en arabe avec une intention sincère et respectueuse. Une fois les paroles sacrées prononcées, soufflez doucement sur l’eau. Ce geste, simple mais chargé de sens, transfère les bénédictions des versets à l’eau. Et voilà, l’eau devient coranisée, prête à être utilisée pour des actes religieux ou des moments de purification.
Une tradition aux multiples visages. Les étapes peuvent varier selon les traditions de chaque communauté musulmane. Mais l’essentiel reste le même : la foi et l’intention priment sur les détails.
Exemples tirés du Coran et des Hadiths
L’eau coranisée, même si le terme n’existe pas directement dans les textes sacrés, s’inscrit dans l’esprit des enseignements islamiques. Voici quelques exemples qui éclairent cette pratique :
Le Coran comme source de guérison.
Dans le verset 17:82, il est dit : « Et Nous faisons descendre du Coran ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants. » Cette phrase met en lumière le pouvoir spirituel de la récitation coranique pour apaiser et guérir. L’eau coranisée s’inspire de cette idée, capturant l’essence des mots sacrés dans chaque goutte.
L’exemple du Prophète (paix et bénédictions sur lui).
Dans plusieurs hadiths, on raconte que le Prophète utilisait la sourate Al-Fatiha comme un moyen de guérison. Ce n’est pas l’eau qui guérit en soi, mais l’intention et la récitation qui l’accompagnent.
La pratique de la Roqya.
Lors des rituels de protection spirituelle, les sourates Al-Ikhlas, Al-Falaq et An-Nas sont souvent récitées. Ces pratiques illustrent la puissance des mots pour purifier, protéger et apaiser.
Un symbole de pureté et de bénédictions.
Utiliser l’eau coranisée, c’est prolonger cette quête d’harmonie entre le corps, l’âme, et les enseignements de l’islam. Chaque goutte devient une offrande de foi, un geste de reliance entre le visible et l’invisible.
Cette pratique, même humble en apparence, traduit une richesse spirituelle immense, où les mots sacrés transforment un élément aussi simple que l’eau en un vecteur de bénédiction.
Eau coranisée, une innovation?
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L’utilisation de l’eau coranisée traverse les âges, un écho des premiers enseignements de l’islam. C’est bien plus qu’un simple geste : c’est une façon de vivre sa foi, de purifier non seulement le corps, mais aussi l’âme.
- Un rituel de dévotion. Avec quelques versets du Coran récités avec intention, l’eau se transforme en un support sacré. Chaque mot chuchoté semble glisser dans l’eau, comme pour lui insuffler une dimension spirituelle.
- Des usages enracinés dans la tradition. Cette eau bénite trouve sa place dans de nombreuses pratiques. On s’en sert pour les ablutions avant la prière, pour nettoyer des objets rituels ou encore pour accompagner des actes de purification. Chaque usage a une symbolique forte : purifier pour mieux se rapprocher.
- Pas une nouveauté, mais un héritage. Loin d’être une invention récente, l’eau coranisée s’inscrit dans une continuité spirituelle. Depuis des siècles, elle est utilisée comme un lien entre l’homme et Dieu, une manière de rendre l’invisible plus tangible.
- Un renforcement de la foi. Plus qu’un rituel, c’est un acte qui nourrit l’esprit. Dans chaque goutte, il y a l’intention de se purifier, de se recentrer, et de trouver la force de grandir spirituellement. C’est une pratique qui rappelle que, parfois, les gestes les plus simples sont porteurs des plus grandes significations.
FAQ – Eau coranisée : pourquoi cette eau touche plus que la gorge ?
C’est quoi exactement, l’eau coranisée ?
C’est de l’eau… mais pas n’importe laquelle. C’est une eau qui a été récitée, murmurée, bercée par des versets du Coran. On y lit, on y souffle des sourates comme Al-Fatiha, Al-Ikhlas, Al-Falaq, An-Nas… On récite, on y met une intention, une vibration. Et doucement, cette eau devient un support spirituel. Elle n’est pas magique, mais elle porte un poids invisible. Comme un tissu sur lequel on aurait brodé des prières.
Qui peut préparer cette eau ?
Tout le monde. Pas besoin d’être imam, ni savant. Il faut juste avoir un cœur sincère, une bouche pure, une foi honnête. On lit les versets à voix basse ou haute, on souffle légèrement dessus, comme une caresse. Ce n’est pas une incantation, c’est un geste d’amour, un rappel que chaque chose peut être remplie de lumière.
Est-ce que c’est recommandé dans l’islam ?
Oui, et ce n’est pas nouveau. Le Prophète Mohammed ﷺ lisait des versets sur l’eau, sur les malades, sur lui-même. Les savants comme Ibn Qayyim ou Al-Nawawi en parlent. Ce n’est pas une invention moderne. C’est une pratique ancienne, transmise dans l’ombre des foyers, entre mères et enfants, entre croyants et Dieu.
À quoi sert cette eau ?
À beaucoup de choses. On la boit. On s’en frotte le front. On en verse sur les mains, sur un enfant agité, sur un malade qui ne dort plus. Certains l’utilisent pour apaiser les insomnies, les angoisses, les maux qu’aucun médicament ne nomme. Elle agit là où la douleur n’est pas visible. Ce n’est pas une solution miracle. Mais c’est un soulagement profond, parfois même juste dans l’intention.
Et si on n’y croit pas vraiment ?
Ce n’est pas grave. Ce n’est pas de la superstition. Ce n’est pas non plus de la science. C’est une mémoire du cœur. Un rappel. Si vous y mettez une intention sincère, même minuscule, l’eau peut porter un apaisement. Et si vous doutez, faites quand même. Parce qu’on ne sait jamais quelle porte s’ouvre au moment précis où l’on hésite.
Peut-on l’utiliser pour quelqu’un d’autre ?
Oui, bien sûr. Un enfant, un proche, une personne loin. On lit les versets, on pense à elle. On verse une goutte dans son bain, dans son thé, sur son oreiller. Ce n’est pas un acte imposé, c’est une prière silencieuse qui voyage. Une manière de dire : “Je te confie à Dieu, dans chaque goutte que tu touches.”
Et si on ne sait pas réciter le Coran par cœur ?
On peut lire. À voix douce. Même avec hésitation. Dieu écoute les tremblements, pas juste les experts. Et si on ne sait vraiment pas lire l’arabe, on peut réciter en phonétique, en comprenant le sens. L’eau capte l’intention avant le son. Et c’est ça qui la rend précieuse.
Est-ce qu’il faut faire attention à la conserver ?
Oui, un minimum. On la garde propre, à l’abri. On ne la jette pas dans n’importe quoi. On la respecte. Parce qu’elle a entendu des versets. Parce qu’elle a été témoin d’un moment de foi. Certains la versent sur une plante, doucement, si elle n’est plus utilisée. D’autres la laissent au frais. Ce n’est pas une potion, mais elle mérite le même respect qu’un verset qu’on ne déchire pas.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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