Chawwal 2026: date et origine
par Salima Bachar
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Vendredi 20 mars 2026. Oui, un vendredi. Pas n’importe lequel. Ce jour-là, sans tambour ni trompette, le calendrier islamique bascule doucement dans Chawwal 1447.
Et tout change.
Ce n’est pas une révolution. C’est subtil, presque furtif. Mais quelque chose se décale dans l’air. Et les cœurs, eux, battent un peu autrement.
Ça commence par un éclat de fête
Le 20 mars, c’est l’Aïd al-Fitr. Vous le sentez déjà ? Ce parfum de semoule sucrée, de café corsé, de lessive fraîche sur les vêtements repassés la veille ? C’est ça, l’Aïd.
On célèbre la fin du Ramadan, ce mois qui épuise autant qu’il élève. Il y a du monde dans les rues, des rires timides, des “viens boire un thé” à chaque coin de maison.
Mais après ? Une fois les gâteaux grignotés, les vêtements pliés, les selfies pris ? Il se passe quoi ?
Chawwal, ce mois que personne n’attend... mais qui surprend
Ce n’est pas le plus connu. Ni le plus attendu. Et pourtant, Chawwal ne dort pas.
Il avance doucement. Il glisse, comme le vent du désert sur les dunes. Invisible, mais là.
Et il porte en lui une promesse discrète.
Six jours. Pas plus, pas moins. Et pas obligatoires.
C’est une tradition qui court depuis des siècles : jeûner six jours pendant Chawwal, ça compte comme jeûner toute l’année.
C’est dit dans un hadith célèbre. Et ce n’est pas pour faire joli. C’est une invitation. Une façon de prolonger la lumière du Ramadan, sans l’imposer.
On peut choisir ses jours. Les répartir. En faire un rituel ou juste une envie passagère. C’est libre. Mais ceux qui l’ont fait vous diront… ça transforme.
Et ce nom, vous le connaissez ?
“Chawwal”. Ça chante, non ? Mais ce mot vient de “shāla”, en arabe. Et devinez ? Ça veut dire “soulever”.
Pas soulever un meuble, non. Plutôt comme quand le vent soulève la poussière. Ou quand une chamelle lève la queue. Oui, c’est précis. Et très ancien.
En fait, les nomades observaient les bêtes. Quand les chamelles devenaient fébriles, que leur queue s’agitait, ils savaient : c’était Chawwal.
Un mois de mouvement. De passage. De tension discrète.
Chawwal 2026 : du 20 mars au 17 avril
Le calendrier le dit clairement : vendredi 20 mars 2026, c’est le 1er Chawwal 1447. Et vendredi 17 avril, c’est le dernier jour.
Ensuite ? Le 18 avril, c’est Dhou al Qi’da qui prend le relais.
Mais entre ces deux dates, il se passe quoi ?
Ce qu’on sent, ce qu’on voit… ce qu’on ne dit pas
Imaginez : un matin de mars, l’air est plus doux. Pas encore chaud, mais plus tendre. Les fenêtres s’ouvrent, les bruits de vaisselle résonnent.
Et dans l’après-midi, le temps semble suspendu. Plus de Ramadan, pas encore l’été. On est là, entre deux souffles.
Chawwal, c’est ce moment flou où le cœur hésite : revenir au quotidien, ou rester un peu dans le sacré ?
Tiens, ça me fait penser à…
…ces jours de printemps où on sort sans veste, “juste pour voir”. Et puis le vent pique un peu, on frissonne. Mais on ne rentre pas.
On reste dehors. On respire. On sent que le monde bouge doucement.
Chawwal, c’est ça. Un frisson doux dans la vie ordinaire.
Que faire pendant ce mois ?
Il n’y a pas de checklist. Mais il y a des pistes.
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Jeûner, si ça vous appelle.
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Offrir, sans raison. Juste pour le geste.
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Relire une sourate oubliée.
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Appeler quelqu’un, pas pour parler, mais pour écouter.
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Rêver, aussi. Aux jours passés. Et à ceux qui viennent.
Et après ?
Après Chawwal, il y a Dhou al Qi’da. Un autre mois, d’autres vibrations. Mais ne sautons pas trop vite.
Car du 20 mars au 17 avril 2026, Chawwal nous offre un sas, un entre-deux.
Un mois pour soulever un peu l’âme, comme les chamelles autrefois. Un mois pour porter en soi un peu de ce qu’on a reçu.
Tout savoir sur les mois du calendrier hégirien
Des noms anciens, une lune qui rythme tout, et mille histoires derrière chaque date…
C’est quoi, au juste, le calendrier hégirien ?
C’est un calendrier qui ne suit pas le soleil, mais la lune. Oui, une vraie lune, toute ronde, toute discrète parfois, qui décide de quand commence un mois… ou pas. Pas de calcul figé ici. Il faut regarder le ciel. Et parfois attendre. Ce calendrier-là, on ne le règle pas comme une montre suisse. Il a ses caprices. Ses mystères.
Il commence avec un départ. Un vrai. L’hégire, c’est la migration du prophète Muhammad (que la paix soit sur lui) de La Mecque à Médine. C’est là que le calendrier prend racine. C’est plus qu’une date, c’est un tournant. Et depuis, les années passent, non pas en 365 jours, mais en 354 ou 355.
Oui, ça décale. Forcément.
Combien de mois dans ce calendrier ?
Douze. Exactement comme dans le calendrier grégorien. Mais attention, ils ne tombent jamais au même moment d’une année à l’autre. L’Aïd peut tomber en plein été, puis glisser vers l’hiver, puis revenir.
Le Ramadan, lui aussi, tourne. Comme un manège lent. Ça change tout, vraiment tout.
Essayez de jeûner en juin… puis en décembre. Pas la même lumière. Pas la même faim. Pas le même silence.
Quels sont leurs noms ?
Là, on entre dans une autre ambiance. Fermez les yeux : vous entendez les syllabes rouler comme un chant lointain.
Muharram, Safar, Rabiʽ al-Awwal, Rabiʽ al-Thani, Jumada al-Awwal, Jumada al-Thani, Rajab, Shaʽban, Ramadan, Shawwal, Dhu al-Qiʽdah, Dhu al-Hijjah.
Des noms qui ont traversé les siècles, les déserts, les caravanes, les livres d’histoire.
Certains mois sont sacrés, d’autres marquent des événements. Dhu al-Hijjah, par exemple, c’est le mois du pèlerinage. L’un des plus forts. L’un des plus attendus.
Est-ce que tous les mois ont la même valeur ?
Pas vraiment. Il y a quatre mois dits sacrés : Muharram, Rajab, Dhu al-Qiʽdah, et Dhu al-Hijjah. Ce ne sont pas que des noms jolis. Ce sont des mois où la guerre était interdite, où le calme devait régner. Aujourd’hui encore, ils ont une résonance particulière. On les vit autrement. Un peu plus doucement.
Un peu comme ces jours où on baisse instinctivement le ton, sans trop savoir pourquoi.
Pourquoi le Ramadan ne tombe jamais à la même période ?
Parce que la lune ne tourne pas pour plaire à nos agendas. Elle a son rythme, plus court que celui du soleil. Résultat : chaque année, le calendrier hégirien recule d’environ 11 jours par rapport au calendrier grégorien.
Un peu comme un mobile suspendu qui glisse lentement dans la pièce. Il finit toujours par revenir au même endroit… mais pas tout de suite.
Les noms ont-ils une signification ?
Oh oui. Et c’est là que ça devient fascinant. “Safar”, par exemple, viendrait de “vide”, car les maisons étaient vides à cause des départs en guerre. “Ramadan”, lui, vient d’une racine liée à la chaleur, la brûlure – celle du soleil, mais aussi de l’âme en purification.
Chaque nom raconte une saison, une ambiance, une habitude du peuple d’Arabie avant l’islam. C’est un peu comme si nos mois s’appelaient “pluie froide” ou “feuilles tombantes”.
Et puis, ces noms sont restés. Parce qu’ils portaient déjà en eux une histoire.
Est-ce que ce calendrier est encore utilisé aujourd’hui ?
Oui. Et pas qu’un peu. C’est le calendrier religieux dans toute la tradition islamique. Il sert à dater les fêtes (Aïd, Ramadan, Mawlid…), les actes cultuels, les repères spirituels. Dans certains pays comme l’Arabie Saoudite, il est même utilisé au quotidien pour les documents officiels.
Mais il cohabite avec le calendrier grégorien, évidemment. Un peu comme deux langues. Deux rythmes. Deux façons de dire “aujourd’hui”.
Comment savoir quand commence un mois hégirien ?
Pas de “1er du mois” automatique. On observe la lune, littéralement. Quand le premier croissant est visible (après le coucher du soleil), le mois commence. Sinon… on attend un jour de plus. C’est pour ça qu’on ne peut jamais prévoir les dates avec certitude très longtemps à l’avance.
Et parfois, ça crée des débats. Des tensions même. Car voir un croissant dans le ciel, selon les régions, les conditions, les outils… ce n’est pas si simple.
Pourquoi ce calendrier fait-il encore autant parler ?
Parce qu’il touche à l’intime. Aux rites. Aux fêtes. Aux repères profonds. Ce n’est pas qu’un calendrier de dates. C’est un calendrier de vécus. Il rythme les corps, les veillées, les réveils à l’aube.
Et il résiste. Doucement. Pas pour faire genre. Juste parce qu’il est encore vivant, tout simplement.
NB :
Les dates données pour Chawwal 1447 (du 20 mars au 17 avril 2026) sont basées sur le calendrier hégirien prévisionnel. Mais attention : comme toujours dans le calendrier islamique, tout dépend de l’observation réelle de la lune. Alors selon les pays, les régions… ça peut bouger d’un jour. Ou deux. C’est la lune qui décide, pas les applis.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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