Comment on dit merci en arabe?
par Salima Bachar
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Dire "merci" en arabe, c’est un peu comme arroser une plante de reconnaissance. Le mot "shukran", bien que simple, est comme une graine que l’on sème pour que la gratitude pousse. Mais, selon les situations, le terrain peut nécessiter une autre plante, une autre fleur...
Vous vous demandez la façon dont on dit merci en arabe?
En arabe, pour dire "merci", on dit "شكرا" (prononcé "shukran").
Quelles différences entre les pays du Moyen-Orient et le Maghreb?
Dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb, les expressions de gratitude peuvent varier légèrement en termes de formulation et de prononciation. Voici quelques différences notables :
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Moyen-Orient :
- En arabe standard, le terme couramment utilisé pour dire "merci" est "شكرا" (prononcé "shukran").
- Dans certains pays du Golfe, comme les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite ou le Qatar, il est courant d'utiliser l'expression "شكراً جزيلاً" (prononcé "shukran jazeelan") pour exprimer un remerciement plus appuyé, ce qui signifie littéralement "merci beaucoup".
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Maghreb :
- Dans le dialecte maghrébin, utilisé au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye, le terme couramment utilisé pour dire "merci" est "شكرا" (prononcé "shukran"), tout comme dans le Moyen-Orient.
- Il est également courant d'utiliser l'expression "بارك الله فيك" (prononcé "barka Allah fik") qui signifie "que Dieu te bénisse" pour exprimer sa gratitude de manière plus profonde et religieuse.
A quelles occasions dit-on "merci" en arabe?
En arabe, on dit généralement "merci" (شكرا - shukran) dans diverses occasions pour exprimer sa gratitude. Voici quelques exemples d'occasions courantes où l'on dit merci en arabe :
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Lorsque quelqu'un vous offre un cadeau, il est approprié de dire "shukran" pour montrer votre appréciation.
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Si quelqu'un vous aide à accomplir une tâche ou vous rend service, il est poli de dire "shukran" pour exprimer votre reconnaissance.
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Si quelqu'un vous montre de la gentillesse, de la courtoisie ou de la générosité, vous pouvez dire "shukran" pour lui montrer votre gratitude.
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Lorsque vous voulez simplement remercier quelqu'un, que ce soit pour un conseil, des encouragements ou simplement sa présence, vous pouvez dire "shukran".
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À la fin d'une réunion d'affaires, d'un entretien ou d'une conversation, il est courant de dire "shukran" pour exprimer votre reconnaissance pour le temps et l'attention accordés.
“Shukran” suffit-il vraiment à remercier quelqu’un en arabe ?
Oui… et non. Disons que shukran, c’est comme dire “merci” en français. C’est poli, c’est universel. Mais dans la culture arabe, remercier vraiment, c’est souvent rajouter une bénédiction. Un vœu. Un petit supplément d’âme.
Du coup, beaucoup préfèrent répondre :
“Shukran jazilan” (شكرا جزيلا) = “merci beaucoup”
Ou même :
“Allah ybarek fik” (الله يبارك فيك) = “qu’Allah te bénisse”
C’est plus qu’un remerciement. C’est une intention positive, une graine de bien lancée vers l’autre. Dans les pays du Maghreb comme au Moyen-Orient, on aime remercier avec le cœur, pas juste avec la bouche. Et ça se sent.
Quelle est la réponse à “shukran” ?
Ah, belle question. En arabe, on ne laisse pas un merci sans réponse. On ne le laisse jamais suspendu dans l’air. On y répond souvent par :
“Afwan” (عفوا) = “de rien”, “avec plaisir”
Mais certains vont plus loin, avec des formules pleines de chaleur comme :
“La shukra ‘ala wajib” (لا شكر على واجب) = “pas de merci pour un devoir”
Ce qui veut dire : “Tu n’as pas à me remercier, c’était naturel.” Beau, non ?
Et dans un cadre plus spirituel :
“Wa anta/anti min ahl al-khayr” = “Toi aussi tu es du peuple du bien.”
Là, on est dans le langage du cœur, dans l’envie de répondre au bien par du bien.
D’où vient le mot “shukran” ?
Du verbe “shakara” (شكر) en arabe classique, qui veut dire : remercier, reconnaître le bienfait. Et c’est un verbe très noble. Il n’est pas réservé aux humains. On l’utilise aussi pour parler de la reconnaissance envers Dieu.
Dans le Coran, le mot “shukr” revient souvent :
“Wa shkurû lillah in kuntum iyyâhu ta‘budûn”
(Remerciez Allah si c’est Lui que vous adorez.)
— Sourate 2, verset 172
Donc oui, dire merci, en arabe, ce n’est pas juste de la politesse. C’est une attitude spirituelle. Un rappel. Une forme de gratitude profonde pour ce qu’on reçoit — d’un humain, ou du Créateur.
Est-ce que tous les pays arabes utilisent le même mot ?
Pas exactement. La base reste “shukran”, mais chaque pays a sa musique locale. Sa manière d’habiller le mot. À Tunis, on dira souvent “yâ ‘îchek” (يا عيشك) pour dire merci à quelqu’un. À Alger, “saha” peut faire office de remerciement dans certains contextes. En Égypte, “mashkûr” est encore utilisé dans des registres plus soutenus.
Et dans le Golfe ? Là, on retrouve des expressions comme :
“Mamnûn lak” (ممنون لك) = “je t’en suis reconnaissant”
ou encore
“Jazâka Allahu khayran” (جزاك الله خيرا) = “qu’Allah te récompense en bien”
Cette dernière formule, très courante chez les croyants, est utilisée pour marquer un remerciement profond, presque spirituel. Elle n’est pas banale. Elle porte un poids. Une lumière.
Et si on veut dire merci à Allah ?
Là, le mot change. On ne dit pas “shukran Allah” comme on dirait “merci Dieu” en français. Ce serait trop littéral. Trop froid.
On utilise plutôt :
“Alhamdulillah” (الحمد لله) = “Louange à Dieu”
Ce n’est pas juste un merci, c’est une reconnaissance totale. On le dit pour exprimer une gratitude intime. Quand tout va bien. Quand on est sauvé d’un danger. Ou même simplement… quand on est vivant. C’est un mot qui respire la foi.
Est-ce que “shukran” s’utilise dans les prières ?
Pas dans les formules rituelles strictes, non. Mais dans les dou’as personnelles, dans les invocations, oui. On peut remercier Allah avec des mots libres, sincères, venus du cœur. Et souvent, les savants recommandent d’avoir une attitude de shukr, même sans mot.
C’est pour ça que certains musulmans prient avec leur cœur rempli de gratitude, en disant :
“Allahumma inni laka shākir wa laka ḥāmid”
(Ô Allah, je Te suis reconnaissant et Te loue.)
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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