Gaston Mbengue : maladie, parcours et héritage du Don King sénégalais
par Salima Bachar
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Parler de Gaston Mbengue, c’est évoquer une figure emblématique. Un homme qui a marqué à jamais la lutte sénégalaise, ce sport national qui fait vibrer des milliers de cœurs.
Gaston Mbengue, le Don King de la lutte sénégalaise
Il était bien plus qu’un simple promoteur : un véritable entrepreneur sportif, un visionnaire, une lumière qui a révélé des talents exceptionnels.
Qui est Gaston Mbengue? Un homme de grandes affiches
Gaston Mbengue savait créer des moments inoubliables. Ses grandes affiches ? Toujours des événements spectaculaires. On se souvient encore des duels entre Balla Gaye et Modou Lo, ou des combats épiques avec Lac de Guiers. Il savait mêler suspense et passion, comme un maestro qui dirige une symphonie de muscles et de sueur.
Une vie marquée par le dévouement
Originaire du nord du Sénégal, Gaston n’a jamais oublié ses racines. Il a soutenu de nombreux jeunes talents, organisant des combats mémorables et aidant des lutteurs à sortir de l’ombre. Son dévouement pour ce sport était total. Il était un proche compagnon de nombreux lutteurs, gagnant leur respect et leur confiance.
L’épreuve de la maladie
Mais la vie, parfois, impose des épreuves. Gaston Mbengue a traversé une longue maladie qui l’a éloigné de la scène. Son coma en France a marqué un tournant. Immobilisé pendant cinq mois, il a confié avoir frôlé la paralysie. Dans ses confidences sur la maladie, il a parlé avec émotion de cette période difficile. Mais aussi de la force que lui apportaient sa famille et ses proches.
Soutien des personnalités et reconnaissance
Pendant cette épreuve, il a été très entouré. Parmi ces personnalités, le président Macky Sall et l’ancienne première ministre Aminata Touré. Aliou Gueye, proche compagnon de Gaston, et ses médecins étaient avec lui.
Une absence qui laisse un grand vide
Le 1er mai 2024, Gaston Mbengue a tiré sa révérence. Une perte qui a touché le Sénégal en plein cœur. On parle d’un homme qui incarnait la lutte sénégalaise, un vrai monument. Surnommé le Don King de l’arène, il avait fait vibrer des générations avec son flair et sa passion. Aujourd’hui, son absence se fait lourdement sentir.
Les hommages n’ont pas tardé. Des clubs de football, des amateurs de lutte, et même des anonymes se sont unis pour saluer l’homme, le visionnaire. Il n’était pas seulement un promoteur, mais un bâtisseur, un guide pour tant de jeunes talents.
Un héritage qui ne s’effacera jamais
Gaston Mbengue a laissé une empreinte indélébile. Grâce à lui, la lutte sénégalaise a franchi des frontières, et des champions ont vu le jour. Il ne se contentait pas d’organiser des combats, il créait des moments, des histoires gravées dans les mémoires.
Son héritage ne disparaîtra pas. Il continuera de vivre dans chaque combat, dans les stades remplis d’émotion, et dans les récits de ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Gaston est parti, mais son nom résonnera toujours. Un homme inoubliable, dans tous les sens du terme.
Une nouvelle qui a bouleversé tout le Sénégal. On a perdu un géant, un véritable pilier de la lutte sénégalaise. Surnommé le Don King de l’arène, il a marqué des générations entières. Sa disparition ? Un vide immense, ressenti bien au-delà des stades.
Les hommages sont venus de partout : des fans de lutte, des clubs de football, des personnalités, et de simples admirateurs. Tous saluaient un homme qui a donné sa vie pour son sport, mais aussi pour les jeunes qu’il a accompagnés avec passion.
Un héritage gravé à jamais
Gaston Mbengue, c’était plus qu’un nom. C’était un symbole de courage, de dévouement, et d’amour pour la lutte sénégalaise. Il a changé la donne. Il a révélé des champions, rassemblé des foules, et inspiré des générations entières.
Gaston Mbengue : maladie, parcours et héritage du Don King sénégalais
Qui était vraiment Gaston Mbengue, au-delà du promoteur de lutte ?
Gaston Mbengue, c’était une figure, une voix, une posture. Pas juste un homme d’affaires. Pas juste un promoteur. Un pilier. Un nom qui faisait lever les têtes dès qu’il parlait. Il portait la lutte sénégalaise comme d’autres portent une religion : avec fierté, avec fougue, avec cette volonté de faire briller l’arène. Un passionné pur jus, imprégné de traditions mais connecté à l’argent, au prestige, au pouvoir. Un mélange déroutant, mais puissant. Dans son regard, on lisait autant la diplomatie que la défiance.
Pourquoi l’appelait-on le “Don King sénégalais” ?
Il y avait d’abord le look. Le style. Ce charisme un peu théâtral. Des phrases choc, des sorties médiatiques savoureuses, une manière de mettre en scène les combats comme si chaque duel était une épopée. Comme Don King, il savait vendre un combat comme on vend un rêve. Il ne montait pas juste des affiches. Il montait des tensions, des attentes, des légendes. Et puis il avait cette réputation d’homme incontournable, de stratège, parfois de manipulateur. Il faisait la pluie et le beau temps.
Quel a été son rôle dans l’évolution de la lutte sénégalaise ?
Gaston a été l’un des premiers à professionnaliser la lutte avec frappe. Il a transformé ce sport, souvent vu comme une tradition rurale, en spectacle urbain, monétisé, médiatisé, modernisé. Grâce à lui, la lutte est sortie des terrains sablonneux pour entrer dans des stades bondés, des plateaux télé, des spots sponsorisés. Il a injecté de l’argent, beaucoup. Il a aussi façonné des carrières. Yékini, Balla Gaye 2, Tyson… tous sont passés, à un moment ou un autre, par l’arène de Gaston. Parfois pour briller. Parfois pour tomber.
Quels étaient ses rapports avec les lutteurs ?
Compliqués, souvent. Fusionnels, parfois. Orageux, aussi. Gaston Mbengue savait mettre en lumière, mais il savait aussi fermer la porte. Certains le voyaient comme un père. D’autres comme un patron exigeant. Il avait le verbe haut et le carnet de chèques en main. Mais il ne faisait pas de sentiments. Il parlait chiffres, affiches, rentabilité. Il exigeait de la discipline. Pas de pitié dans l’arène. Il y a eu des tensions, des boycotts, des réconciliations… comme dans une tragédie grecque où tout le monde joue son rôle.
De quoi souffrait Gaston Mbengue ?
La question revient souvent. Discrètement, au fil des ans, sa santé s’est fragilisée. Fatigue, absences médiatiques, rumeurs persistantes… Il n’aimait pas en parler. L’homme était pudique sur ses faiblesses. Les dernières années ont été marquées par des séjours médicaux, ici et ailleurs. On parle de problèmes chroniques, sans toujours savoir exactement quoi. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’est battu. Jusqu’au bout. Sans s’effondrer publiquement. Avec la même dignité que sur le sable.
Comment le monde de la lutte a-t-il réagi à sa disparition ?
C’est un vide. Un silence pesant. Même ceux qui le critiquaient ont reconnu ce qu’il a bâti. Car sans lui, la lutte n’aurait pas eu ce visage-là. Le choc a été fort. Les hommages ont fusé, des lutteurs comme des fans, des politiques comme des journalistes. Chacun y est allé de sa phrase. Mais au fond, c’est le même message qui revient : merci, Gaston. Pour la vision, pour l’engagement, pour l’énergie.
Quel est son héritage concret aujourd’hui ?
Difficile de faire le tri. Il y a un héritage visible : des règles de promotion, des contrats mieux ficelés, des rivalités mythiques. Et il y a l’invisible. La culture du grand événement. La mise en scène. Cette façon de transformer un duel physique en bataille mentale, en guerre de clans. Gaston Mbengue a imprimé une méthode. On ne promeut plus un combat sans penser à lui. Même ceux qui le critiquaient l’ont copié.
Et puis il reste une chose : l’idée que la lutte, ça peut être une industrie. Pas juste un sport.
A-t-il eu des héritiers dans le métier ?
Pas de successeur évident. Quelques noms émergent. Des promoteurs plus jeunes, plus modernes, plus numériques. Mais aucun n’a encore cette stature, ce mélange d’intuition, de présence, de panache. Gaston, c’était une époque, pas juste un homme. Il faudra du temps pour que quelqu’un incarne à nouveau le poste comme lui. Certains essaient. Mais égaler le roi ? C’est autre chose. Même avec tous les sponsors du monde.
Quelles ont été ses plus grandes réussites ?
Des combats restés dans toutes les mémoires. Tyson vs Yékini, par exemple. Un choc d’icônes. Organisé avec maestria. Chaque détail comptait. Il a aussi réussi à faire signer les plus grosses bourses de l’histoire de la lutte sénégalaise. Il a attiré les télévisions, les sponsors internationaux, il a fait de la lutte un sujet politique, médiatique, culturel. Pas un simple sport du dimanche.
Et ses échecs ? Car il en a eus aussi, non ?
Évidemment. Gaston Mbengue n’était pas un saint. Il a eu des rendez-vous manqués. Des combats annulés. Des désaccords mal gérés. Des lutteurs qu’il a froissés à vie. Et puis, il faut le dire : il a parfois été accusé de tout contrôler, de “verrouiller” le système. Certains lui reprochaient d’avoir freiné des ascensions, privilégié certains profils. Ce pouvoir-là dérangeait. Il n’était pas toujours tendre. Mais il assumait.
Son influence dépassait-elle le monde de la lutte ?
Totalement. Gaston, c’était un homme de réseaux. Il connaissait du monde, du très haut. Il pouvait décrocher un téléphone et faire déplacer une armée de journalistes. Il a conseillé, influencé, interféré parfois dans d’autres sphères. Culture, politique, business. Il était respecté. Parfois craint. Mais toujours écouté. Un homme de coulisses, autant que de scène.
Son nom restera-t-il dans l’histoire du Sénégal ?
Sans aucun doute. Pas juste comme un promoteur. Mais comme un bâtisseur. Un passeur. Un homme qui a compris qu’un sport traditionnel pouvait devenir un outil d’identité, de pouvoir, d’émancipation économique. Gaston Mbengue a modifié les codes. Il a bousculé les habitudes. Il a permis à des lutteurs de sortir de la précarité. Il a mis la lutte en haut de l’affiche. Littéralement.
NB – Un parcours à saluer, une santé à ne pas oublierLa vie de Gaston Mbengue rappelle que la réussite publique n’efface pas la fragilité intime. Derrière le micro, derrière les caméras, il y avait aussi un homme fatigué, atteint, qui tenait debout par amour de son sport. Ce genre de maladie silencieuse, qu’on tait par fierté, mérite d’être vue. Pensons à ces figures publiques qu’on croit invincibles. La santé, c’est la base. Elle s’épuise vite dans ce genre de métier.
Et aujourd’hui, en parlant de lui, qu’on admire ou qu’on critique, qu’on soit fan ou pas, on le doit : du respect. Parce que les traces qu’il a laissées sont bien plus profondes que le sable d’un stade.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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