Hadith sur le mensonge: ce qu'il faut retenir

Hadith sur le mensonge: ce qu'il faut retenir

par Salima Bachar

 

Le mensonge en islam : quand la vérité devient un acte de foi

Il y a des mots qu’on prononce sans y penser. Des phrases lancées vite, juste pour éviter un conflit. Pour faire plaisir. Pour contourner. Mais au fond ? Un mensonge, c’est jamais neutre. Ça laisse une trace. Une odeur. Comme un fruit qui pourrit doucement, même si la peau est encore lisse.

Dans les enseignements de l’islam, le mensonge n’est pas juste un petit défaut. C’est une faille morale. Un poison doux, insidieux. Une ombre sur l’âme. Et le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) n’a jamais mâché ses mots à ce sujet.

Un hadith qui frappe comme une vérité nue

L’un des hadiths les plus percutants à ce sujet dit :

"Sachez que la véracité mène à la piété, et que la piété mène au Paradis. L'homme continue de dire la vérité jusqu'à ce qu'il soit inscrit auprès d'Allah comme véridique. Gardez-vous du mensonge, car le mensonge mène à la corruption, et la corruption mène à l'enfer. L'homme continue de mentir jusqu'à ce qu'il soit inscrit auprès d'Allah comme menteur."
(Sahih Muslim)

Pas de détours. Pas de demi-mesure. La vérité, c’est une chaîne de lumière. Et le mensonge, un engrenage vers l’abîme.

Trois enseignements qui résonnent encore aujourd’hui

Ce n’est pas juste une parole ancienne à réciter machinalement. C’est une boussole. Une alarme intérieure.

  1. Dire la vérité, c’est un acte de piété. Pas juste pour bien paraître. Mais pour se rapprocher de Dieu. Parce qu’être vrai, c’est être aligné. C’est être debout. Même quand c’est dur.

  2. Le mensonge abîme tout. Pas juste une fois. Pas juste un peu. Il ouvre la porte à d’autres fautes. Il devient une habitude. Et l’habitude façonne le cœur.

  3. On devient ce qu’on répète. Dire la vérité fait de vous un “siddiq” – un véridique – aux yeux d’Allah. Mentir vous fait glisser vers l’étiquette de “kadhīb” – menteur. Et ce n’est pas qu’un mot. C’est une identité spirituelle.

Pourquoi le mensonge est-il si grave dans l’islam ?

Parce que c’est une trahison. Pas seulement envers l’autre. Mais envers soi-même. Envers le Créateur. Le mensonge, c’est nier une réalité. Refuser de voir clair. C’est vouloir maquiller l’évidence. Et dans une religion où chaque intention compte, chaque mot a du poids.

L’islam ne laisse pas de place au “mensonge de confort”. Même le mensonge pieux est extrêmement encadré, toléré dans des situations très spécifiques (comme pour réconcilier deux personnes en conflit), mais jamais encouragé. Parce que même un petit écart peut glisser loin, très loin.

Des figures de l’Histoire marquées par la trahison

Il suffit d’ouvrir les livres d’Histoire pour voir ce que le mensonge et la trahison peuvent engendrer.

Prenez Al-Ma'mun, calife abbasside du IXe siècle. Brillant, cultivé… mais aussi l’instigateur de la mihna, une véritable inquisition. Il impose une pensée unique, persécute les savants qui osent penser autrement. Une trahison intellectuelle. Une pression sur les consciences. Il voulait imposer une vérité… par le mensonge.

Ou encore Yazid ibn Muawiya, tristement célèbre pour son rôle dans le massacre de Karbala. L’imam Hussein, petit-fils du Prophète, y est tué avec ses proches. Une tragédie gravée dans la mémoire des musulmans. Une trahison morale, politique, spirituelle. Car s’en prendre à la famille du Prophète, c’est s’éloigner de tout ce que l’islam prêche : la justice, la dignité, l’honneur.

Et nous, dans tout ça ?

Est-ce qu’on ment, nous aussi ? Pour ne pas blesser. Pour faire “comme tout le monde”. Par peur. Par fatigue. Par habitude.

Mais à force de mentir un peu, on finit par se mentir à soi-même. On étouffe la vérité sous des couches de “pas grave”. On s’habitue. Et l’âme se voile.

Et pourtant… la vérité, même inconfortable, libère. Elle nettoie. Elle rend léger.

"Kathib" et "Kadhīb" : les mots qui piquent

En arabe, le mensonge, c’est "كذب" (kathib). Ça claque comme un coup sec. Le menteur, c’est "كاذب" (kadhīb). Ça sonne dur. Sans fioriture. L’Islam n’enrobe pas cette réalité dans du sucre.

Ceux qui mentent, selon les hadiths, sont ceux dont Allah détourne le regard. Ceux qui ont des cœurs noirs, voilés par l’habitude de tordre les faits.

Et inversement, ceux qui disent la vérité deviennent des amis d’Allah, des “siddiqûn”. Des âmes droites. Claires. Lumineuses.

La vérité : un miroir exigeant, mais libérateur

Dire la vérité, ce n’est pas toujours confortable. C’est parfois perdre une opportunité. Briser une illusion. Prendre un risque. Mais c’est vivre sans masque. Sans peur d’être démasqué. C’est marcher droit, même sur un sol irrégulier.

Dans un monde où tout pousse à l’image, à l’apparence, à la façade… être sincère, c’est un acte presque révolutionnaire.

 

Quels personnages historiques illustrent le mensonge et la trahison? 2 exemples

 

  1. Al-Ma'mun (786-833) était le septième calife abbasside qui a régné sur une partie de l'empire islamique. Il est connu pour avoir initié l'Inquisition mihna, une période de persécution et de torture des savants musulmans qui ne partageaient pas ses croyances. Cette action peut être considérée comme une forme de trahison envers la communauté musulmane et envers les principes de tolérance et de respect de la liberté de croyance.

  2. Yazid ibn Muawiya (646-683) était le deuxième calife omeyyade qui a succédé à son père, Muawiya. Il est surtout connu pour son rôle dans la tragédie de Karbala, où l'imam Hussein (petit-fils du prophète Muhammad) et ses partisans ont été tués lors d'un conflit. L'action de Yazid est souvent considérée comme une trahison envers la famille du prophète Muhammad et envers les principes de justice et de respect des droits des autres.

 

Comment dit-on "mensonge" et "menteur" en arabe?

 

En arabe, le mot "mensonge" se traduit par "كذب" (kathib) et le mot "menteur" se traduit par "كاذب" (kadhīb). Ces mots sont couramment utilisés pour décrire l'action de mentir ou quelqu'un qui ment.

 


À propos de Salima Bachar

Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.

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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com

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