Kanoun tunisie: c'est quoi?

par Salima Bachar

 

Vous êtes-vous déjà demandé quel objet pouvait incarner à la fois la simplicité et la tradition dans les foyers tunisiens ? Le kanoun, cet ustensile en terre cuite ou en métal, en est un parfait exemple. Souvent méconnu, il sert bien plus qu'à la cuisson des repas : il est le témoin d'une manière ancestrale de préparer les plats, tout en perpétuant des rituels familiaux profondément ancrés. Mais alors, qu'est-ce qui fait du kanoun un élément central de la cuisine tunisienne, et pourquoi est-il encore si présent aujourd'hui ? Explorons ensemble l'histoire et la symbolique de cet objet traditionnel.

A quoi servent les Kanouns de Tunisie?

 

  • Le terme "kanoun" désigne un appareil de cuisine traditionnel utilisé dans certaines régions d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, y compris la Tunisie.

Un réchaud portable qui utilise du charbon de bois comme source de chaleur pour la cuisson des aliments

  • Le kanoun est souvent utilisé pour préparer des plats tels que le couscous, les tajines et d'autres mets traditionnels.
  • Il est apprécié pour sa capacité à maintenir une chaleur constante et à infuser les aliments avec une saveur caractéristique.
  • De nos jours, bien que de nouvelles technologies de cuisson soient disponibles, certains ménages préfèrent toujours utiliser le kanoun pour sa valeur culturelle et ses avantages culinaires spécifiques.

 

Brûler de l'encens

 

  • Le terme "kanoun" peut également faire référence à un dispositif utilisé pour brûler de l'encens.
  • Un kanoun est généralement un petit récipient en métal ou en céramique muni de trous ou de fentes sur le dessus pour permettre à la fumée de l'encens de s'échapper.
  • On place les grains ou les morceaux d'encens sur des charbons ardents à l'intérieur du kanoun, ce qui permet à l'encens de brûler lentement et de diffuser son parfum.
  • Le kanoun est couramment utilisé dans les rituels religieux, les cérémonies et les pratiques de bien-être pour créer une atmosphère parfumée et sacrée.

 

Quelle différence avec le Qanûn?

 

Une harpe orientale? Non. Bien plus que ça.

Le Qanûn, on croit parfois que c’est juste un instrument. Une sorte de cithare au nom compliqué. Mais détrompez-vous. Le Qanûn, c’est un souffle ancien. Une mémoire en bois et en cordes. Un frisson millénaire qui a traversé les empires, les amours, les silences.

Il suffit d’en voir un, posé là, sur un tapis, pour sentir que ça raconte quelque chose de sacré.
Un peu comme un livre ouvert qu’on ne lirait pas avec les yeux.
Mais avec la peau. Avec le ventre.

Un nom, mille histoires

Le mot vient de l’arabe "Qānūn", lui-même emprunté au grec "kanon", qui signifie règle. Une loi. Une mesure. Comme si cet instrument avait le pouvoir de remettre les choses en ordre. En musique. En harmonie.

Ironique, non ? Une loi qui ne s’impose pas. Mais qui vibre.

Dans les palais ottomans, le Qanûn accompagnait les poètes et les rois. Il se faufilait dans les salons comme un chat lumineux. Il chuchotait à l’oreille des femmes, des sultans, des amants perdus. Toujours à mi-voix. Jamais en force.

Un clavier sans touches

Imaginez : un grand trapèze en bois, posé à plat. Entre 24 et 27 cordes par note. Des chevilles. Des sillets. Et surtout, ces petits leviers appelés mandals, qui modifient la hauteur du son en une microseconde.

Oui, vous avez bien lu. Le Qanûn peut changer de tonalité pendant qu’il joue. Pas besoin d’interrompre la mélodie. Il glisse. Il s’adapte. Il respire avec le musicien.

On dirait une mer intérieure, avec ses marées douces, ses flux secrets. Un univers souple, mouvant, sans brutalité.

Le toucher qui compte

On n’en joue pas avec des baguettes. Ni avec un archet. On le caresse. On pince ses cordes avec deux plectres accrochés aux index. Un peu comme si on écrivait une lettre invisible. Ou qu’on grattait doucement un souvenir au creux du temps.

La première fois qu’on l’entend, on est surpris. Ce n’est pas brillant. Ce n’est pas clinquant.
C’est profond. Texturé. Un peu comme du velours sonore qui aurait pleuré toute la nuit.
On ne peut pas faire semblant avec cet instrument. Il sent les doigts tremblants. Les hésitations. Les secrets qu’on pensait bien enfouis.

Des racines orientales, une âme sans frontières

Le Qanûn est né dans les terres arabes, a grandi dans les bras de l’Empire ottoman, a flirté avec la Perse, l’Andalousie, l’Égypte, l’Arménie… Il s’est laissé apprivoiser par les traditions. Mais il n’a jamais vraiment quitté sa maison. Sa lumière orientale.

Aujourd’hui encore, il est le cœur battant des ensembles de musique traditionnelle au Moyen-Orient. Il accompagne les chants soufis. Il ponctue les improvisations turques. Il se faufile même parfois dans le jazz, dans l’électro, dans des fusions un peu folles qui marchent, étrangement.

Parce que le Qanûn est un caméléon doux. Il ne colonise pas. Il accueille.

Dans un salon, il change tout

Imaginez une pièce calme, avec une lumière dorée. Des coussins. Un parfum d’encens ou de figue noire. Et là, posé dans un coin, un Qanûn. Même s’il dort, il raconte déjà quelque chose. Il devient presque une présence.

C’est un objet-vibration. Un messager discret. Il transforme l’espace. Il lui donne une profondeur, une mémoire.

Chez La Maison des Sultans, on l’imagine bien comme un totem. Pas juste pour le son, non. Pour l’âme qu’il transporte. Pour cette sensation que le temps n’est pas perdu, juste suspendu.

Quelques instants suspendus

On l’a entendu, un jour, lors d’un mariage. Sous une tente blanche, au milieu des oliviers. Il n’y avait que lui et la voix d’une chanteuse. Pas d’ampli. Pas d’artifice. Juste le vent, les feuilles, et ces cordes. C’était simple. Et pourtant, plus puissant qu’un orchestre entier.

Le Qanûn a ce don-là. Il ne fait pas le malin. Il touche.

Et ça, franchement… ça devient rare.

Pourquoi le Qanûn fascine autant ?

  • Parce qu’il a une gueule d’ange. Avec son bois noble, ses incrustations fines, c’est un bijou à lui seul.

  • Parce qu’il parle toutes les langues : arabe, kurde, turc, grec, arménien, hébreu… et même celles qu’on ne comprend plus.

  • Parce qu’il rend chaque silence un peu plus vivant. Un peu plus habité.

  • Et parce qu’on n’a pas besoin d’être expert pour le ressentir. Le Qanûn, ça traverse.

Un art, une prière, un battement

On dit parfois que le Qanûn, c’est l’instrument du cœur. Celui qui fait pleurer sans prévenir. Celui qui rappelle, sans un mot, que la beauté existe encore. Même discrète. Même fragile.

Chez La Maison des Sultans, on aime le placer au centre. Pas pour qu’il fasse le spectacle. Mais pour qu’il veille. Pour qu’il rappelle doucement que le luxe, parfois, c’est juste… un son juste. Une note tenue. Une émotion vraie.

À propos de Salima Bachar

Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.

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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com

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