les filles d'Olfa au festival de Cannes

Les Filles d'Olfa au Festival de Cannes

par Salima Bachar

Dans un festival où chaque projection est un événement, ce film se distingue par son approche intime et profondément humaine. Qu’est-ce qui fait de Les Filles d'Olfa un film à ne pas manquer cette année ? Plongeons dans les coulisses de ce moment marquant du Festival de Cannes.

Quel est le sujet du film?

Olfa, tunisienne et mère de 4 filles, a ameuté les medias et les pouvoirs publics tunisiens et lybiens car ses deux filles aînées ont disparu après avoir rejoint Daesh.
La réalisatrice Kaouther Ben Hania a crée un dispositif de cinéma dans le cinéma pour faire revivre à Olfa et ses deux filles restées à ses côtés ce drame, tout en convoquant des actrices professionnelles (dont la formidable Hend Sabri) qui les interrogent et jouent à leurs côtés.

Le voile se lève sur l’histoire d’Olfa et de ses filles, dans la violence, la misère, la transmission, le patriarcat, la religion, l'avant et l'après révolution tunisienne.

Que nous disent les Filles d'Olfa sur le monde d'aujourd'hui?

Olfa raconte à plusieurs reprises ce qu'elle appelle la malédiction de la transmission de mères en filles qui impose par la violence le patriarcat. Entre le choix d'être pute ou vierge, aucun modèle n'est possible pour les filles d'Olfa qui sont si belles. Alors que leur mère est courageuse, indépendante mais dans la misère, l'homme semble le seul maître. A l'adolescence, être plus vierge que vierge, Daesh semble le choix suprême...Cette quête d'absolu et ce besoin de résister à une mère toute puissante les jette dans une soif d'absolu, alors que les filles n'avaient pas les bases culturelles pour trouver leurs voies. 

 

Comment la réalisatrice a réussi ce mélange de documentaire et de fiction?

Dans un format unique type Close Up ou Dogville qui ressemble à une introspection, un voyage intime et psychanalytique...

Extrait de l'interview de Kaouther BEN HANIA dans le dossier du Festival de Cannes

"Il fallait confronter Olfa à de vrais comédiens dont c’est le métier. Ce ne sera dorénavant plus elle la comédienne mais les autres. Ils allaient servir à Olfa et ses filles de révélateurs pour les aider à trouver leur vérité intérieure. J’avais besoin d’actrices pour jouer ses filles absentes et d’une comédienne pour la questionner, l’aider à saisir les enjeux de certains grands événements de sa vie. Ce n’était pas la reconstitution des souvenirs qui m’intéressait mais leurs échanges pour y parvenir. J’intervenais dans le film en tant que réalisatrice pour les guider, chercher avec elles tandis qu’Olfa racontait et analysait en détails les grands épisodes marquants de sa vie. En lui posant des questions sur des détails précis, sur ses motivations, Hend Sabri permet à Olfa de revenir sur son passé sans complaisance. Si Olfa était restée seule avec moi, elle m’aurait encore servi la même histoire, le même cliché."

Kaouther Ben Hania : après des études en cinéma à Tunis et à Paris (la Fémis et la Sorbonne) a réalisé plusieurs courts métrages et films dont Zaineb n’aime pas la neige, et La Belle et la Meute. Son dernier film L’homme qui a vendu sa peau, avec Monica Bellucci, a été présenté en sélection officielle à la Mostra de Venise et a été nominé aux Oscars pour le Meilleur Film Étranger 2021.

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