Peut-on lire le Coran sans ablutions?
par Salima Bachar
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Peut-on lire le Coran sans ablutions ? La réponse n’est pas si simple…
C’est une question qu’on se pose tous un jour. Un peu comme ce moment de doute en attrapant le Coran sur une étagère, sans préparation rituelle, en se demandant : “Est-ce que j’ai le droit ?”. Cette sensation, entre l’élan du cœur et la crainte de mal faire. Alors, on va y répondre. Sans juger. Sans imposer. Mais avec douceur, et surtout en replaçant le texte sacré au centre.
L’ablution, c’est quoi exactement ?
Avant de rentrer dans le vif, il faut poser la base. Les ablutions, ou wudu en arabe, ce sont ces gestes simples mais puissants qu’on fait avant la prière. De l’eau sur le visage, les bras, les pieds… mais ce n’est pas juste du nettoyage. C’est une mise en état. Une manière de dire : “Je me prépare pour rencontrer Dieu.” Un peu comme si on frappait doucement à une porte invisible, avec respect.
Mais alors, est-ce que cette “porte” est obligatoire pour lire le Coran ?
Lire le Coran sans ablution : ce que disent les sources
Ici, on rentre dans une zone pleine de nuances. Rien n’est tout blanc ou tout noir. Il y a des écoles, des interprétations, des sensibilités.
Les savants s’accordent souvent sur un point : lire le Coran sans le toucher, c’est permis. Oui, même sans ablution. Tant que vous ne tenez pas le Mushaf (le livre physique du Coran) entre vos mains, vous n’êtes pas dans l’interdit. On peut lire à voix haute, réciter de mémoire, suivre sur un écran. L’essence du message ne se fige pas dans le papier.
Mais si vous voulez toucher le Coran en version papier, là, ça se complique. Une majorité d’avis affirme qu’il faut être en état de pureté. D’où ça vient ? D’un verset souvent cité : “Ne le touchent que les purifiés.” (Sourate 56, verset 79). Certains y voient une règle claire. D’autres pensent qu’il s’adresse aux anges, pas aux humains. Bref, les interprétations divergent.
Et c’est là que ça devient beau, en fait. La foi n’est pas un mode d’emploi universel. C’est une boussole intérieure, avec des repères, certes, mais aussi une écoute de ce qui résonne profondément en soi.
Est-ce un péché de lire le Coran sans ablution ?
C’est souvent la vraie question derrière la question. “Est-ce que j’ai commis une faute ?”. Non, pas de péché formel ici si vous lisez sans toucher le livre, et même si vous le touchez sans savoir, sans intention de mal faire. Ce n’est pas un acte blâmable, dans le sens où vous n’avez pas manqué de respect consciemment.
Mais si on veut être dans l’excellence spirituelle, dans cette fameuse ihsân que le Prophète ﷺ évoquait… alors oui, faire ses ablutions avant de lire, c’est une marque de considération. C’est comme enfiler ses plus beaux habits pour visiter un être cher. Pas obligatoire, mais tellement plus élégant.
Et si on lit sur son téléphone ?
C’est une vraie révolution du rapport au texte. Les applications Coran sont partout. Alors, est-ce qu’un smartphone avec le Coran dedans, c’est comme un Mushaf ? Non. C’est une interface. L’écran affiche et efface. Il n’y a pas d’écriture permanente, pas de support sacré tangible. Donc, vous pouvez lire le Coran sur votre téléphone sans ablution. Tranquillement. Dans un bus. Dans un jardin. Allongé, debout, en mouvement. C’est une vraie chance.
Mais là encore, une nuance : certains estiment que si le téléphone est dédié exclusivement au Coran, alors peut-être qu’un minimum de respect s’impose. Mais rien de strict. Rien d’universel. Juste du bon sens et de l’intention.
Lire pendant ses menstruations : le cœur du débat
Sujet souvent passé sous silence, ou évoqué à demi-mot. Pourtant, beaucoup de femmes se demandent si elles peuvent lire le Coran pendant leurs règles, surtout lorsqu’elles ont besoin de réconfort ou veulent maintenir leur lien avec Dieu.
Là encore, les avis sont multiples. Certains interdisent totalement, estimant que l’état d’impureté majeure ne permet pas d’approcher le texte. D’autres sont plus souples, notamment quand il s’agit de lire sans toucher. Et d’autres encore autorisent la lecture numérique, voire la récitation à voix basse, sans contact avec un Mushaf.
Dans tous les cas, ce lien entre une femme et le Coran ne se coupe pas. Il s’ajuste. Il se transforme. Mais il reste là. C’est une histoire de connexion intérieure, plus que de gestes extérieurs.
Que faire quand on veut lire spontanément ?
On ne va pas se mentir : on ne fait pas ses ablutions toutes les heures. Et parfois, un verset traverse l’esprit, on veut ouvrir une sourate, juste cinq minutes, entre deux choses. Est-ce qu’il faut se freiner ? S’interdire ? Non.
On peut ouvrir son cœur au Coran sans forcément passer par un rituel à chaque fois. Ce qui compte, c’est l’état d’esprit. La sincérité. La concentration. Lire sans ablution, c’est possible. Lire sans respect, non. C’est ça, le vrai repère.
Y a-t-il une différence entre réciter et étudier ?
Oui. Et pas qu’un peu. Quand on récite, on est dans un moment sacré. On répète les paroles divines. Même sans comprendre, c’est un acte d’adoration. Là, beaucoup préfèrent être en état de pureté.
Mais étudier, c’est autre chose. C’est plonger dans le sens, les traductions, les commentaires. C’est un travail de compréhension, parfois avec des pauses, des stylos, des notes. On peut le faire sans ablution. Certains enseignants, d’ailleurs, le précisent dans leurs cours. La recherche du sens ne se fait pas uniquement en état de wudu. Elle demande surtout clarté d’intention et respect du texte.
Et si on l’apprend par cœur ?
Les personnes qui mémorisent le Coran, les huffaz, sont confrontées à ce sujet tous les jours. Est-ce qu’il faut faire ses ablutions à chaque révision ? Idéalement, oui. En pratique, ça dépend.
Un élève qui apprend dans un environnement régulier peut ne pas renouveler ses ablutions entre chaque séance. Ce qui compte, c’est de ne pas toucher le Mushaf sans purification. Mais s’il récite de mémoire, aucun problème. Même sans ablution, la parole divine continue de circuler.
Pourquoi certains disent qu’il faut toujours être pur ?
Parce que pour eux, le Coran, c’est pas un livre comme les autres. C’est le Livre, avec un L majuscule. Un guide, un compagnon, un miracle permanent. Le minimum, c’est de l’aborder avec les mains propres, le corps en paix, l’esprit recueilli. On n’y touche pas comme on touche un roman de poche. Et c’est respectable.
Mais cette vision peut aussi devenir un frein si elle empêche d’ouvrir le Coran spontanément, avec le cœur léger. Il ne faudrait pas que la crainte de mal faire nous coupe de la lecture. Au contraire. Mieux vaut lire souvent, même sans ablution, que jamais par peur de mal faire.
Une chose à retenir ?
L’essentiel, c’est d’aimer ce Livre. De s’en approcher avec bienveillance, envie, humilité. Que vous soyez en état de wudu ou pas, que vous lisiez sur un écran ou de mémoire, ce qui compte, c’est ce lien invisible que vous tissez avec les mots.
Lire le Coran sans ablutions, ce n’est pas un crime. C’est une opportunité. L’occasion de se reconnecter. De revenir. De se poser, cinq minutes, dans un monde où tout va trop vite. Alors oui, faites vos ablutions quand vous le pouvez. Mais ne vous empêchez jamais de lire par scrupule mal placé. Ce Livre est une lumière. Et la lumière, ça se partage. Même les jours gris. Même les matins pressés.
Selon les croyances et pratiques traditionnelles de l'islam, il est recommandé de faire les ablutions avant de toucher ou de réciter le Coran.
- Les ablutions, connues sous le nom de wudu, sont une purification rituelle effectuée avant les prières ou tout acte de dévotion.
- Il n'y a pas de restriction stricte concernant la lecture du Coran sans ablutions.
- Si vous souhaitez simplement lire le texte du Coran sans entrer dans un état de pureté rituelle, cela est généralement accepté.
- Beaucoup de musulmans lisent régulièrement le Coran sans effectuer les ablutions complètes.
- Les pratiques religieuses peuvent varier d'une personne à l'autre et d'une communauté à l'autre.
- Certains individus peuvent accorder plus d'importance à l'accomplissement des ablutions avant de lire le Coran, tandis que d'autres peuvent être moins stricts à ce sujet.
- Faire ses ablutions avec une bouteille
La décision finale dépendra de vos convictions personnelles et des enseignements de votre école de pensée islamique.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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