
Quelle différence entre Ascension et Assomption?
par Salima Bachar
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Montée au ciel : deux récits, deux destinées
L’Ascension, c’est un moment fort du récit chrétien. Quarante jours après sa résurrection, Jésus s’élève au ciel, corps et âme, devant ses disciples. Une scène qui marque un tournant : il quitte la terre… mais pas les cœurs. Dans les églises, ce jour-là, une messe spéciale rappelle cet instant suspendu.
L’Assomption, elle, raconte une autre montée, celle de Marie. Selon la tradition catholique, à la fin de sa vie terrestre, elle n’a pas connu la mort comme nous. Elle a été élevée corps et âme au ciel. Un geste d’amour et d’honneur, profondément ancré dans la foi… mais absent des Évangiles.
En France, l’Ascension prend souvent la forme de pèlerinages, de marches vers des sanctuaires, parfois accompagnées de concerts spirituels. L’Assomption, en Italie, c’est tout autre chose : grandes processions, rues décorées, et à Rome, une messe majestueuse conduite par le pape.
En Éthiopie, l’Ascension se vit au rythme de liturgies somptueuses, d’encens, de chants qui se prolongent jusqu’à l’aube. Une nuit entière où la foi danse avec la tradition.
Aux Philippines, l’Assomption devient une fête éclatante : processions mariales aux couleurs vives, danses, chants, repas partagés. Les tables débordent de plats parfumés, les rues se parent de guirlandes fleuries… et tout semble respirer Marie.
Entre théologie et célébration : impacts et interprétations
Chacune de ces célébrations porte une forte charge théologique et liturgique. L'Ascension souligne la divinité et l'omniprésence de Jésus, renforçant sa connexion et son rôle d'intercesseur entre l'humanité et Dieu.
L'Assomption, elle, met en lumière la pureté et la place exceptionnelle de Marie dans le ciel, soulignant sa singularité parmi les saints et son rôle de médiatrice.
Traditions vivantes : des manifestations de foi
Les manières de célébrer ces événements varient grandement.
L'Ascension peut inclure des processions et des prières solennelles dans les églises, tandis que l'Assomption est souvent accompagnée de festivités plus colorées, incluant des feux d'artifice et des processions mariales, surtout dans les pays à forte tradition catholique.
Marie, figure céleste… et accessible
L’Assomption ne transforme pas Marie en super-héroïne inaccessible. C’est l’inverse. C’est comme si l’Église disait : regardez où peut mener une vie pleine de foi, de confiance, de douceur. Elle est auprès de Dieu, oui. Mais elle reste proche. Elle veille. Elle tend la main. Elle ne quitte pas le navire.
Grâce à l’Assomption, Marie est vue comme un pont entre la terre et le ciel. Une mère. Une intercesseuse. Une présence.
Une femme pleinement glorifiée
C’est rare, dans l’histoire de l’humanité, qu’on place une femme aussi haut. Dans l’Église catholique, Marie est la seule humaine, après Jésus, à être montée ainsi au ciel. Ça veut dire quoi ? Que le féminin est aussi sacré. Que le corps féminin, loin d’être rabaissé, est glorifié.
C’est puissant. C’est même subversif, quand on y pense. Dans un monde patriarcal, le dogme de l’Assomption place une femme tout en haut de l’échelle céleste. Voilà qui bouscule.
Une espérance pour tous
L’Assomption, ce n’est pas juste “bravo Marie”. C’est un clin d’œil d’espérance pour nous tous. L’Église voit dans son élévation une promesse : nous aussi, un jour, on sera relevés. Corps et âme. Pas juste une âme flottante. Notre humanité entière sera sauvée.
Marie devient donc le prototype, le modèle de ce qui nous attend. Comme si Dieu, en la prenant avec lui, nous murmurait : “Regardez, c’est possible.”
FAQ sur le 15 août – Assomption
Pourquoi le 15 août est-il férié en France ?
Parce que c’est le jour où l’on célèbre l’Assomption de la Vierge Marie. Pour les croyants, c’est le moment où Marie a été emportée corps et âme au ciel. Pas de tombe, pas d’enterrement… juste une élévation directe, presque comme un lever de soleil qui ne s’éteint pas. Même pour ceux qui ne vont pas à la messe, la date reste un point fixe dans l’été.
En quoi l’Assomption est-elle différente de l’Ascension ?
L’Ascension, c’est Jésus qui monte au ciel, quarante jours après Pâques. L’Assomption, c’est Marie. Deux histoires, deux symboles. L’un affirme la divinité de Jésus, l’autre la place unique de Marie. Oui, les noms se ressemblent, mais leur sens est distinct. Un peu comme deux chansons au même titre, mais pas du tout la même mélodie.
Comment célèbre-t-on l’Assomption en France ?
Ça dépend des endroits. Dans certaines régions, on voit encore des processions mariales, parfois près de la mer avec bénédiction des bateaux. Dans d’autres, c’est juste un jour d’été où les terrasses sont pleines, les routes vers la plage bouchées et l’air sent le barbecue. Chacun son rituel.
Y a-t-il des traditions particulières ailleurs dans le monde ?
Oui. En Italie, le 15 août c’est “Ferragosto” : fêtes de rue, feux d’artifice, plages bondées. Aux Philippines, c’est processions en robe blanche, chants et repas communautaires parfumés de fleurs et d’encens. En Espagne, certaines villes organisent des fêtes patronales avec danses et décorations fleuries.
Pourquoi l’Assomption est-elle un dogme récent ?
Le pape Pie XII l’a proclamé officiellement en 1950… mais dans les têtes et les cœurs, la croyance existait déjà depuis les premiers siècles. Comme un secret de famille qu’on finit par annoncer officiellement. L’Assomption, c’est vieux comme la mémoire chrétienne.
Quel message porte l’Assomption ?
Elle élève une femme au sommet du ciel. Dans un monde longtemps dominé par des figures masculines, c’est presque une révolution silencieuse. L’Église dit : le féminin aussi est sacré, glorifié. Marie devient un signe d’espérance, un modèle qui rappelle que notre humanité entière est appelée à être relevée.
Le 15 août est-il fêté partout de la même façon ?
Non. Dans les pays catholiques, oui, on retrouve la date… mais la couleur de la fête change. Ici, c’est plutôt familial ou spirituel. Ailleurs, c’est bruyant, festif, presque carnavalesque. Mais partout, il reste un parfum d’été et de lumière dans l’air.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com