Quelle est l'origine de Djelika Diallo?
par Salima Bachar
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À seulement 19 ans, Djelika Diallo a marqué l'histoire du para-taekwondo français en décrochant la médaille d'argent aux Jeux paralympiques de Paris 2024.
Djelika Diallo, née le 8 avril 2005 à Stains, en Seine-Saint-Denis
Elle découvre le para-taekwondo à 14 ans lors d'une initiation à l'école à Épinay-sur-Seine. Rapidement passionnée, elle se licencie au club de Dugny où elle développe ses compétences. En 2022, elle rejoint l'INSEP, centre d'excellence pour les athlètes de haut niveau en France, où elle se prépare intensivement pour les compétitions internationales. Sa détermination et son travail acharné commencent à payer, lui ouvrant les portes des plus grandes compétitions mondiales.
Une ascension européenne : double médaille d’argent aux championnats d’Europe
En 2023, Djelika se fait remarquer en remportant la médaille d'argent aux championnats d'Europe de para-taekwondo à Rotterdam. Elle confirme son talent l'année suivante en 2024, en décrochant à nouveau l'argent aux championnats d'Europe à Belgrade. Ces performances impressionnantes la propulsent sur le devant de la scène, faisant d'elle une figure montante du para-taekwondo en France.
Paris 2024 : un parcours impressionnant jusqu'à la finale
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 représentent un moment clé dans la carrière de Djelika. En compétition dans la catégorie K44 des moins de 65 kg, elle livre un parcours sensationnel jusqu'à la finale. Soutenue par un public parisien en effervescence, elle affronte la Brésilienne Ana Carolina Silva de Moura. Malgré une performance remarquable, Djelika s'incline en finale, remportant une médaille d'argent qui restera gravée dans l'histoire du sport français. Cette médaille, pleine de promesses, ouvre la voie à un avenir encore plus radieux pour la jeune athlète.
Djelika Diallo, l’instinct au bout des doigts
Il y a des noms qui claquent comme une promesse. Djelika Diallo fait partie de ceux-là. Pas besoin d’en faire des tonnes. Juste l’évoquer, et déjà quelque chose se redresse. Une posture. Une présence. Pas besoin d’enrober, sa trajectoire parle toute seule. Mais en creusant un peu, on découvre bien plus qu’un parcours : une vibration.
Une enfance entre tissus et silences
Derrière les projecteurs, avant les ateliers, il y a eu le bruit discret des ciseaux. L’odeur du tissu. Le balancier des robes accrochées au fil, dans la lumière du matin. Djelika Diallo, c’est une mémoire cousue main. Une enfance où la couture n’était pas un choix, mais un rythme. Une manière de vivre. De survivre, parfois. Un fil rouge qui lie les générations, les douleurs, et les fiertés qu’on porte sans bruit.
On raconte que petite, elle refaisait les ourlets des habits de ses poupées. On ne saura jamais si c’est vrai, mais peu importe. L’image colle trop bien à la peau de son histoire. Une image tendre, et pleine de feu.
Créatrice, mais pas seulement
Appeler Djelika Diallo “créatrice”, c’est réducteur. Elle conçoit, oui. Elle coupe, elle assemble, elle imagine des silhouettes. Mais ce qu’elle fabrique va bien au-delà du vêtement. C’est de la dignité qu’elle brode. De la fierté, et parfois même de la réparation.
Ce n’est pas juste du tissu, c’est un bouclier. Un poème muet. Une manière de dire : “Je suis là. Et je me tiens droite.”
Ses collections parlent d’identité, sans le dire trop fort. Les coupes sont nettes. Les couleurs, franches. Il y a souvent ce mélange : tradition d’Afrique de l’Ouest et minimalisme urbain. Pas pour séduire un marché. Pour rester fidèle à soi, surtout. C’est ça, la clé.
Une voix douce dans un monde qui hurle
On pourrait s’attendre à une personnalité flamboyante. Elle, elle choisit l’intensité discrète. Djelika Diallo, ce n’est pas le genre à occuper l’espace. Elle le transforme. Silencieusement. Sa force est là : elle ne crie jamais. Elle sème. Et bizarrement, on l’entend plus que les autres.
Certains l’ont vue lors de défilés alternatifs. D’autres l’ont découverte via ses engagements associatifs. Ce qu’ils retiennent tous ? Cette façon de ne jamais faire semblant. De parler vrai. Même quand ça gratte. Même quand ça dérange. Parce qu’elle sait que la sincérité, ça finit toujours par faire sauter les verrous.
L’engagement, sans pancarte mais avec style
Impossible de parler de Djelika Diallo sans parler de son combat pour les femmes. Celles qu’on invisibilise. Celles qu’on réduit à leur origine, leur voile, leur silence. Elle, elle crée pour qu’elles prennent la lumière. Pas pour les transformer. Pour les révéler.
Elle organise des ateliers, des rencontres, des cercles de parole. Toujours dans des lieux un peu bruts. Pas très instagrammables. Mais pleins d’âme. On y parle chiffon, bien sûr. Mais aussi trauma, dignité, héritage. Elle n’a pas besoin d’affiches. Ses gestes parlent. Et les femmes lui répondent.
Pas une success story. Une résistance.
On veut toujours raconter des histoires de “réussite”. Avec des prix, des podiums, des interviews dans des magazines glacés. Djelika Diallo, c’est l’inverse. Pas de strass. Pas de storytelling parfait. Juste la vérité d’un chemin semé d’embûches. De refus. De fatigue. Mais aussi de joies simples. De regards fiers. De mains qui applaudissent en silence.
Elle refuse les cases. Trop “afro” pour certains, pas assez “branchée” pour d’autres. Elle s’en fiche. Elle continue. Elle avance. À sa manière. Avec ses codes.
Et si vous lui demandiez son plus grand rêve ? Elle ne vous répondrait sûrement pas. Elle sourirait. Comme quelqu’un qui sait que le rêve est déjà là. Dans les détails. Dans le quotidien. Dans chaque robe cousue avec soin pour une femme qui n’a jamais osé se trouver belle.
Pourquoi elle compte. Vraiment.
Parce qu’elle incarne autre chose. Un espoir, peut-être. Une autre façon de créer. Moins centrée sur la hype, plus enracinée dans l’âme. Elle rappelle que la mode peut être politique. Que les tissus ont une mémoire. Et que les femmes ont des voix, même quand elles murmurent.
Djelika Diallo, c’est un battement de cœur dans le vacarme du monde. Une présence juste. Une silhouette forte, qui avance en douceur. Et ça, franchement, ça fait du bien.