
Souhaiter du mal à quelqu'un en islam
par Salima Bachar
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Vous êtes-vous déjà surpris à ressentir de la colère ou du ressentiment envers quelqu’un, au point de souhaiter que les choses tournent mal pour cette personne ? C’est comme porter un feu dans ses mains en espérant qu’il brûle l’autre, sans réaliser que c’est vous-même qui êtes consumé. En Islam, ces pensées et souhaits négatifs sont comparables à des épines cachées dans un beau jardin : elles ne nuisent pas seulement à celui à qui elles sont destinées, mais finissent par empoisonner celui qui les porte. Alors, que faire de cette colère, de cette rancœur qui nous habite parfois ?
En Islam, il est enseigné d'être bienveillant envers les autres et d'éviter de causer intentionnellement du mal à autrui.
La religion islamique encourage la compassion, le pardon et la recherche de la réconciliation. L'expression de souhaits malveillants ou de nuire à quelqu'un va à l'encontre de ces principes fondamentaux de l'Islam.
Le prophète Mohammed a enseigné que la meilleure attitude à adopter envers les autres est celle de bienveillance, de gentillesse et de respect mutuel. Il est préférable de se concentrer sur la promotion de la paix, de l'amour et de la compréhension entre les individus, plutôt que de souhaiter du mal à quelqu'un.
Les enseignements religieux sont souvent interprétés et appliqués de différentes manières par les individus, et il peut y avoir des variations dans les croyances et les pratiques d'une personne à l'autre. Cependant, dans l'Islam, l'idée générale est d'adopter une attitude positive envers les autres et de chercher le bien-être et la prospérité pour tous.
Est-ce qu’on a le droit de souhaiter du mal à quelqu’un en islam ?
C’est LA question. Et franchement, qui ne l’a jamais pensée en silence ? Quand quelqu’un vous trahit, vous humilie, vous fait mal jusqu’à l’os… l’envie monte. Celle de dire : “Qu’il paie.” “Qu’il souffre à son tour.”
Mais dans l’islam, la colère n’est pas un guide. C’est un feu, oui. Mais un feu qu’on ne laisse pas conduire le navire. Ce que dit la tradition ? C’est simple : on ne doit pas souhaiter du mal. Même à son pire ennemi.
Ça pique à entendre. Mais c’est là, net. Le Prophète (paix sur lui) disait : “Le croyant n’est ni insultant, ni malveillant, ni grossier, ni obscène.” Voilà. Ça plante le décor.
Mais alors… que faire quand quelqu’un vous fait vraiment du mal ?
Il ne s’agit pas de sourire bêtement. L’islam ne demande pas d’être une victime. Il ne dit pas “laisse-toi marcher dessus”. Il dit : sois juste, pas destructeur.
Il y a une différence immense entre demander justice… et souhaiter le mal. L’un est droit. L’autre est une chute.
On peut prier pour que la vérité éclate. Pour que la personne prenne conscience. Pour que la situation se retourne… sans jamais dire : “Je veux qu’il souffre.” Parce que cette phrase-là, elle tord l’âme.
Et souvent, en réalité, c’est notre douleur qui parle. Pas notre foi.
Et si je fais une dou'a contre quelqu’un, est-ce grave ?
Ça arrive. Sous le choc. Sous les larmes. Une dou'a de colère, comme une gifle envoyée vers le ciel. Est-ce un péché ? Non. Pas automatiquement. Parce que Dieu regarde l’intention.
Mais attention : ce n’est pas recommandé. Le Prophète (saws), même face à ses ennemis les plus féroces, priait pour leur guidance, pas pour leur chute. Il disait : “Ô Allah, pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas.”
Oui, ça demande une grandeur. Immense. Mais l’islam, c’est un appel à s’élever, pas à se venger.
Et les invocations contre un oppresseur, alors ? Elles sont permises ?
Oui. Là encore, nuance. Si quelqu’un vous fait du tort de façon répétée, si vous êtes victime d’injustice claire, l’islam autorise la dou’a contre l’oppresseur. Mais pas pour le plaisir. Pas pour le spectacle. Pour la réparation.
Et cette dou’a ? Elle est plus forte quand elle demande que cette personne cesse son injustice, ou qu’Allah lui retire sa capacité de nuire.
Pas de “je veux qu’il tombe malade”. Pas de “qu’il perde tout”. Ça, c’est la colère nue. L’islam préfère le courage lucide.
Est-ce que souhaiter du mal attire le mal vers soi ?
C’est une question qu’on ne pose pas assez. Et pourtant… tellement importante.
Dans l’islam, on dit que chaque mot, chaque invocation, c’est comme une flèche. Si elle ne touche pas sa cible, elle peut revenir… vers celui qui l’a tirée.
“Le mal que tu souhaites, tu peux finir par le porter.” Voilà le message. D’ailleurs, certains savants disent que trop de rancune enlève la baraka dans la vie. Que prier contre quelqu’un assombrit le cœur.
On croit qu’on agit contre l’autre. Mais c’est nous qu’on enferme.
Peut-on vraiment pardonner à quelqu’un qui nous a détruit ?
Non. Pas toujours. Et ce n’est pas une honte.
Le pardon n’est pas un bouton magique. Il se construit. Lentement. Parfois sur des années. Et parfois, il ne vient pas. C’est humain.
Mais l’islam ne dit pas : “Pardonne ou tu es mauvais.” Il dit : “Le pardon est meilleur.”
Pas obligatoire. Juste… plus léger à porter. Le pardon, c’est un cadeau qu’on se fait à soi-même, plus qu’à l’autre. Ce n’est pas dire “tout va bien”. C’est dire : “Je ne veux plus que ta haine vive en moi.”
Et même si on ne peut pas pardonner, ne pas souhaiter de mal, c’est déjà un acte de foi.
Que faire de cette colère qui brûle ?
Il faut la regarder en face, pas la nier. L’enfouir, c’est l’arroser. La nier, c’est l’alimenter.
Dans l’islam, la colère est reconnue. Mais elle doit être canalisée. “La force n’est pas dans la capacité à frapper, mais dans la capacité à se maîtriser au moment de la colère.” disait le Prophète.
Donc, on peut pleurer. Écrire. Parler. Respirer. Prier. Mais pas exploser sur les autres. Et surtout pas demander le mal.
La colère est une énergie. Mais mal dirigée, elle devient un poison.
Est-ce que l’islam recommande la vengeance ?
Non. Clairement non.
La vengeance, c’est un cercle sans fin. L’islam parle de qisas (la justice équitable), oui. Mais dans un cadre judiciaire, pas personnel. Et même là, le pardon est toujours plus noble.
Se venger, c’est souvent continuer la chaîne du mal. S’en détacher, c’est la briser.
Et ce n’est pas de la faiblesse. C’est de la force intérieure.
Y a-t-il une récompense pour celui qui retient sa colère ?
Oui. Et pas n’importe laquelle.
Le Prophète a dit : “Celui qui retient sa colère alors qu’il peut la déchaîner, Allah l’appellera devant tous les gens au Jour du Jugement, et lui fera choisir parmi les houris celle qu’il veut.”
C’est une image forte. Mais au fond, elle dit quoi ? Que se contenir, dans un moment de feu, c’est un acte sublime. C’est rare. Et ça se remarque là-haut.