Recette mloukhiya tunisienne

par Salima Bachar

 

 

Les ingrédients !

  • 500g de viande (agneau ou bœuf), coupée en morceaux
  • 100g de poudre de Mloukhiya (feuilles de corète séchées et moulues)
  • 1 oignon moyen, finement haché
  • 4 gousses d'ail, écrasées
  • 1 cuillère à café de coriandre moulue
  • 1 cuillère à café de carvi moulu
  • 1/2 cuillère à café de piment rouge moulu (ajustez selon le goût)
  • Sel et poivre noir au goût
  • Huile d'olive ou de tournesol
  • 1 litre d'eau ou de bouillon de viande
  • 2 feuilles de laurier

Instructions :

  1. Préparation de la viande : dans une grande casserole, chauffez un peu d'huile et faites dorer les morceaux de viande sur tous les côtés. Ajoutez l'oignon et l'ail, et continuez à faire revenir jusqu'à ce qu'ils soient translucides.

  2. Ajouter les épices : incorporez la coriandre, le carvi, le piment rouge, le sel et le poivre. Mélangez bien pour que la viande soit enrobée d'épices.

  3. Cuisson avec la Mloukhiya : ajoutez la poudre de Mloukhiya à la viande. Versez l'eau ou le bouillon de viande et ajoutez les feuilles de laurier. Remuez bien pour éviter les grumeaux.

  4. Mijoter : portez à ébullition, puis réduisez le feu. Couvrez et laissez mijoter à feu très doux pendant 4 à 6 heures, en remuant de temps en temps. Le ragoût va s'épaissir et obtenir une texture presque gluante, caractéristique de la Mloukhiya.

  5. Finaliser : une fois la viande tendre et le ragoût épaissi, ajustez l'assaisonnement au besoin. Certains ajoutent un peu d'ail écrasé et d'huile d'olive dans les dernières minutes de cuisson pour renforcer les saveurs.

Servez la Mloukhiya chaude avec du pain tunisien ou du couscous. Ce plat est connu pour sa capacité à réunir famille et amis autour de la table pour partager un moment convivial et gourmand.

C’est quoi exactement la mloukhiya tunisienne ?

La mloukhiya, c’est un plat qui ne laisse personne indifférent. Soit on l’adore, soit… on l’apprivoise avec le temps. Mais une chose est sûre : il a une âme. Une vraie. Ce n’est pas juste un plat, c’est un rituel. C’est cette poudre verte, presque noire une fois cuite, qui mijote doucement pendant des heures. Parfois toute la journée. Et qui embaume la maison d’un parfum… unique. Inimitable. La mloukhiya, c’est la cuisine des jours spéciaux. Celle des grands repas, des réunions de famille, des jours où on a le temps. Ou plutôt : des jours où on prend le temps.

De quoi est faite la mloukhiya ?

À la base, il y a la feuille de corète séchée, réduite en poudre. Une herbe ancienne, précieuse, qu’on appelle mloukhiya en arabe. C’est elle, le cœur du plat. Ensuite ? De l’huile d’olive, en quantité. Pas juste pour cuire, mais pour créer cette texture onctueuse, presque mystique. On ajoute aussi de la viande, souvent du bœuf ou du jarret, parfois de l’agneau. Et des épices bien dosées : coriandre, ail, laurier, un peu de piment si le cœur vous en dit. Mais surtout… du temps. Car sans lenteur, pas de magie.

Pourquoi dit-on que c’est un plat sacré ?

Parce que dans de nombreuses familles, la mloukhiya ne se cuisine pas n’importe comment. On dit même parfois qu’il ne faut parler à personne pendant qu’on la prépare. C’est presque un acte spirituel. Il y a ceux qui ne cuisinent ce plat que les vendredis. D’autres pour les morts, comme une offrande. Certains au Nouvel An, pour bénir l’année. Bref, c’est un plat de mémoire, de silence et de lien. Il se transmet. Il se respecte. Et il se savoure lentement, en prenant conscience de tout ce qu’il porte.

Est-ce que ça prend vraiment 6 heures de cuisson ?

Oui. Et non. La vraie mloukhiya, celle qui colle aux souvenirs, prend plusieurs heures. Mais ce n’est pas une cuisson stressante. C’est une cuisson qui vit sa vie sur le feu doux pendant que vous, vous vivez la vôtre. Il suffit de remuer un peu, de surveiller de loin, de rajouter un verre d’eau si la texture devient trop épaisse. Et puis parfois, on triche un peu avec la cocotte-minute… mais ceux qui ont connu la version traditionnelle savent qu’elle a ce goût en plus. Ce goût de patience.

Peut-on la faire sans viande ?

On peut. Bien sûr. Mais elle n’aura pas tout à fait la même profondeur. La viande apporte un parfum qui se mêle à la feuille, qui l’enlace. Si vous la préparez végétarienne, ajoutez un bon bouillon maison, un peu d’ail rôti, et surtout laissez-la cuire longuement. La mloukhiya, c’est un plat qui se mérite. Même en version végétale.

Elle est toujours noire comme ça ?

La couleur change selon la cuisson, l’huile, et même la poudre utilisée. Certaines sont plus vertes, d’autres virent au noir profond. Ce n’est ni joli ni moche. C’est brut. C’est vivant. La couleur est une signature. Et souvent, elle est plus foncée quand la cuisson a été lente et généreuse. Ce n’est pas une crème, ce n’est pas une soupe, c’est une texture à part. Et c’est ce qui la rend si unique.

Pourquoi certaines personnes n’aiment pas la mloukhiya ?

Parce qu’elle a une vraie personnalité. Ce n’est pas un plat fade. Ni tiède. Elle a une texture dense, un goût prononcé, presque terreux. Pour ceux qui n’ont pas grandi avec, elle peut surprendre. Mais souvent, c’est à la deuxième bouchée qu’on comprend. Qu’on sent. Qu’on se laisse embarquer. Comme un vin complexe ou un parfum ancien, elle demande qu’on l’écoute.

Comment la déguste-t-on ?

Avec du pain, bien sûr. Pas une petite tranche. Un vrai pain croustillant, pour saucer, pour tremper, pour honorer la sauce. Parfois avec des câpres, parfois avec du citron confit. Certains ajoutent un œuf dur. D’autres la servent telle quelle, majestueuse. C’est un plat qui ne demande pas d’accompagnement. Elle se suffit à elle-même.

Peut-on la conserver ?

Oui, et c’est même encore meilleur le lendemain. Comme tous les plats qui mijotent longtemps, la mloukhiya se bonifie avec le temps. Mettez-la au frais, couvrez-la bien, et réchauffez doucement. Vous verrez : la sauce sera encore plus profonde, plus douce. Comme une confidence qui a eu le temps de mûrir.

Pourquoi continue-t-elle de traverser les générations ?

Parce qu’elle porte en elle quelque chose d’intemporel. Un rapport au temps. Aux ancêtres. Aux saisons. Parce qu’elle oblige à ralentir. À respecter le feu, la matière, le silence. Elle est peut-être rustique, mais elle parle à l’âme. C’est une recette qu’on ne lit pas. Qu’on vit. Et c’est bien pour ça qu’elle continue, de marmite en marmite, de vendredi en vendredi, de cœur en cœur.

 

À propos de Salima Bachar

Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.

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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com

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