
Pourquoi 400 ans d'esclavage en Egypte?
par Salima Bachar
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Vous vous êtes déjà demandé pourquoi l'Égypte a été marquée par 400 ans d’esclavage ? Cet épisode, mentionné dans les textes religieux, notamment dans la Bible, est souvent associé à l’histoire des Hébreux qui ont vécu en servitude en Égypte. L’esclavage y symbolise non seulement la domination, mais aussi l'épreuve et la résistance d’un peuple. Ce long épisode est vu comme une période de purification et de préparation, où les Hébreux, malgré l’oppression, ont conservé leur foi et leur identité. Au-delà des souffrances, ces 400 ans incarnent aussi un espoir de libération et de renouveau.
Effectivement, selon le récit biblique, il est mentionné que les Juifs ont été asservis en Égypte pendant une période de temps, souvent estimée à environ 400 ans. L'histoire relate que les Israélites ont été réduits en esclavage par les Égyptiens et ont souffert de conditions de vie difficiles. Cependant, les événements bibliques doivent être compris dans leur contexte historique et religieux.
Le récit de l'esclavage en Égypte dans la Bible est principalement décrit dans le livre de l'Exode. Selon cette histoire, Moïse a été chargé par Dieu de libérer les Israélites de l'esclavage et de les conduire vers la Terre promise. La fuite d'Égypte, connue sous le nom d'Exode, est un événement central dans la tradition juive et chrétienne.
La Bible est évidemment un texte religieux et elle présente des récits et des enseignements d'une perspective spirituelle et théologique. Par conséquent, il est essentiel de considérer les récits bibliques avec une compréhension appropriée de leur contexte religieux et de ne pas les interpréter de manière littérale ou historique au sens strict.
Il n'y a pas de preuves historiques solides indiquant que les Égyptiens ont pratiqué l'esclavage pendant 400 ans. Il est vrai que l'Égypte ancienne avait une société hiérarchisée et que certains individus étaient réduits en esclavage, mais cela ne s'applique pas à toute la population égyptienne et il n'existe pas de consensus sur la durée exacte de la pratique de l'esclavage en Égypte.
On peut se référer à des sources historiques fiables et s'appuyer sur des faits avérés pour comprendre l'histoire de l'esclavage. L'esclavage a été pratiqué dans différentes cultures et civilisations à travers le monde et à différentes époques de l'histoire.
400 ans d’esclavage en Égypte : entre histoire, foi et transmission
Qui parle vraiment de ces 400 ans ?
Ce chiffre ne vient pas de manuels d’histoire classiques. Il vient de la Bible hébraïque, plus précisément du livre de l’Exode. On y raconte que le peuple d’Israël a été esclave en Égypte pendant 400 ans. Ce n’est donc pas une information historique au sens académique, mais un récit fondateur. Une mémoire spirituelle, transmise de génération en génération. Et qui continue, encore aujourd’hui, à soulever des questions, des débats, des émotions.
Est-ce un fait historique reconnu ?
Pas vraiment. Les archéologues, les historiens modernes, les égyptologues n’ont jamais trouvé de preuve concrète que les Hébreux aient été esclaves en Égypte pendant quatre siècles. Pas de traces dans les archives pharaoniques. Pas de monuments relatant une révolte massive comme celle de Moïse. Mais est-ce que ça veut dire que c’est faux ? Pas nécessairement. L’Histoire n’est pas toujours écrite en pierre. Elle est aussi faite de silences, de récits oraux, de symboles. Ce que ce récit dit… c’est peut-être plus spirituel que politique.
Ce que ce chiffre symbolise dans les traditions religieuses
Pourquoi 400 ans précisément ?
Dans la tradition biblique, le chiffre 400 n’est pas un simple comptage. Il a une valeur symbolique forte. Il exprime une durée d’épreuve, de passage, de transformation profonde. Le peuple hébreu ne devient peuple libre qu’en traversant l’oppression. Il passe de l’asservissement à la libération, du silence à la voix. Ce chiffre, c’est une traversée. Une matrice. Un temps où quelque chose meurt et renaît.
L’Égypte est-elle perçue comme l’ennemi ?
Pas vraiment l’ennemi, mais le lieu de l’oppression, dans ce récit biblique. Elle est associée à la domination, au pouvoir qui écrase, à la grandeur froide. Mais attention : dans d'autres textes, l’Égypte est aussi un lieu d'accueil. Abraham y trouve refuge. Joseph y devient vizir. L’image de l’Égypte est ambivalente, riche. Ce n’est pas le mal en soi. C’est le décor d’un passage. L’arène d’un éveil.
Y a-t-il une morale dans ce récit ?
Plusieurs, même. Mais l’une des plus fortes : ne jamais oublier les humiliations subies, pour ne jamais les faire subir à son tour. Dans la Torah, Dieu répète : “Tu aimeras l’étranger, car toi aussi tu as été étranger en Égypte.” C’est puissant, non ? On ne sort pas de l’esclavage juste pour être libre. On en sort pour être plus juste. Pour ne pas reproduire. Pour transmettre.
Et côté islam ? Quel regard sur cet épisode ?
Le Coran parle-t-il d’une oppression en Égypte ?
Oui. L’histoire de Moïse (Moussa) est l’un des récits les plus présents dans le Coran. Elle revient, encore et encore. Le Pharaon est présenté comme un tyran. Il asservit, il tue les garçons, il laisse vivre les filles. Il se prend pour un dieu. Et Moïse, dans tout ça, devient le symbole de la résistance spirituelle. L’homme guidé par Dieu face à l’arrogance des puissants. Mais le Coran ne parle pas de “400 ans”. Il évoque l’oppression, la fuite, la mer qui s’ouvre… sans préciser la durée. Ce n’est pas un livre de chronologie, c’est un livre de sens.
Quelle est la symbolique de Pharaon en islam ?
Pharaon (Firaoun), dans le Coran, n’est pas juste un roi antique. C’est l’archétype de l’orgueil. Celui qui refuse les signes. Celui qui veut contrôler, dominer, diviser. C’est une figure toujours actuelle, presque universelle. Et en face, Moïse n’est pas qu’un prophète. Il est celui qui doute, qui tremble, qui dit “je ne suis pas à la hauteur”... mais qui avance. Il est le courage fragile, celui qui agit malgré la peur. Voilà pourquoi cette histoire reste vivante.
Entre mémoire et interprétation : que faire de ce récit ?
Est-ce que ce récit concerne encore notre époque ?
Plus que jamais. Car l’esclavage, même si ses formes changent, n’a pas disparu. Il existe dans les systèmes économiques, dans les rapports de force, dans les liens toxiques. Et le récit des 400 ans nous rappelle que la libération n’est jamais immédiate. Elle prend du temps. Elle se transmet. Elle se mérite. Ce n’est pas une page du passé, c’est une mémoire vivante.
Pourquoi ce mythe a-t-il autant marqué les consciences ?
Parce qu’il parle de l’humain, dans sa vulnérabilité et sa grandeur. Parce qu’il montre qu’on peut être humilié, écrasé… et se relever. Parce qu’il dit qu’on peut traverser la nuit, et en sortir plus fort. Il ne s’agit pas que d’un peuple. Il s’agit de nous tous. On a tous, un jour, été “en Égypte”. Dans un endroit où l’on ne pouvait pas respirer. Ce récit devient alors une carte intérieure, un chemin de libération.
NB : Les « 400 ans d’esclavage en Égypte » proviennent du récit biblique (Exode), mais il n’existe pas de preuve historique formelle confirmant cette durée : il s’agit d’un symbole spirituel plus que d’un fait archéologique.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com