Tourner du sel autour de la tête

Tourner du sel autour de la tête: signification

par Salima Bachar

 

Tourner du sel autour de la tête, c'est comme tracer un cercle invisible de protection autour de soi, une barrière subtile contre les énergies négatives. Le sel, souvent perçu comme un purificateur puissant dans de nombreuses cultures, devient ici un bouclier symbolique. Ce geste ancien, semblable à un rituel secret, a pour but de dissiper le mauvais œil et de repousser les influences néfastes. Tout comme les marins jettent du sel pour calmer les tempêtes, tourner du sel autour de la tête vise à apaiser les turbulences invisibles de la vie. Mais quelle est la véritable signification de ce geste mystérieux ? Découvrez comment ce simple mouvement peut être perçu comme une forme de protection spirituelle et de purification dans certaines traditions.

 

Comment dit-on et écrit-on "mauvais oeil" en arabe?

 

En arabe, "mauvais œil" se dit "العين الحاسدة" (al-'ayn al-hasida).

 

Tourner du sel autour de la tête : superstition ou magie douce ?

Un geste vieux comme le monde

Dans certaines familles, on le fait sans poser de question. On prend une pincée de sel, on tourne doucement autour de la tête d’un enfant, d’un proche, et hop ! On jette le tout derrière l’épaule gauche. Comme si on dégainait une arme invisible contre un danger muet.

Mais pourquoi ce geste ? Pourquoi ce sel ? Pourquoi autour de la tête, et pas autour du pied ou du ventre ?

Franchement, ça intrigue. Et ça fascine.

Le sel, cet étrange gardien

Depuis toujours, le sel est chargé. C’est pas juste un exhausteur de goût. C’est pas juste ce truc qu’on oublie sur les frites.

Le sel purifie. Le sel protège. Le sel absorbe. Il est utilisé dans mille rituels, aux quatre coins du globe. En Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Méditerranée. Même dans les vieilles campagnes françaises, il avait sa place dans la poche, sur les seuils, dans les berceaux.

Pas un grimoire sans lui. Pas une incantation sans pincée.

Pourquoi ? Parce qu’il fige les énergies. Parce qu’il agit comme une barrière. Invisible. Fine. Mais redoutable.

Mais pourquoi autour de la tête ?

C’est là que ça devient poétique. Et un peu vertigineux.

La tête, c’est le siège de l’âme. Des pensées. Des peurs. Des blessures invisibles. On dit même, dans certaines cultures, que c’est par le sommet du crâne que passent les mauvaises vibrations. Les "mauvais œils". Les jalousies silencieuses. Les malchances collantes.

Alors on tourne du sel autour. Comme on trace un cercle magique. Comme on referme une brèche. Un peu comme on entoure un fruit fragile avec du coton.

Ce n’est pas qu’un mouvement. C’est un code. Une intention. Une limite invisible qu’on pose entre soi et le reste du monde.

Est-ce un sort ? Une prière ? Un soin ?

Un peu tout ça. Et aucun à la fois.

C’est ce qu’on appelle un rituel de protection. C’est simple, mais pas anodin. Il y a toujours ce silence autour du geste. Ce moment où le temps ralentit. Où la personne qui tourne le sel autour de votre tête ne dit rien, mais pense très fort.

Elle pense à vous protéger. À nettoyer l’air. À enlever ce qui colle à vos épaules sans raison.

Et quand le sel est jeté derrière, ce n’est pas du gaspillage. C’est comme si on disait : "tiens, prends ça, toi le mal, et va t’en."

Ça a quelque chose de rageur. Mais tendre à la fois.

Dans quelles cultures retrouve-t-on ce geste ?

  • Au Maghreb, les grands-mères tournent le sel autour des enfants qui ont trop pleuré, ou après une visite un peu louche.

  • En Turquie, on en met sous le coussin. Et parfois, on tourne trois fois autour du crâne pour annuler le mauvais œil.

  • En Haïti, on l’utilise en cercle autour du corps après un cauchemar.

  • En Inde, c’est un must contre le "drishti", le regard néfaste. Et là aussi, on jette le sel après l’avoir fait tourner.

Bref, c’est universel. Même si les recettes varient, le cœur du rituel est le même.

Faut-il y croire pour que ça marche ?

Grande question. Est-ce que ça fonctionne si on n’y croit pas ? Est-ce que le mal s’en va quand on rit ?

Peut-être. Peut-être pas.

Mais ceux qui le font ressentent un avant et un après. Comme un nettoyage invisible. Un truc qui fait du bien. Qui rassure. Qui soulage un nœud au creux du ventre.

Et parfois, ça suffit.

Le sel, entre soin et sorcellerie ?

Attention, il ne faut pas confondre avec les sorts ou les maléfices. Tourner du sel autour de la tête, ce n’est pas envoyer du mal. C’est se défendre, se protéger, ou protéger les autres.

C’est un acte d’amour déguisé.

C’est tendre la main à quelqu’un qui n’a rien demandé, mais qu’on sent un peu plombé.

C’est dire, en silence : "je suis là. Tu n’es pas seul. Le mal ne passera pas aujourd’hui."

Et aujourd’hui, est-ce encore d’actualité ?

Oui. Et plus que jamais.

Dans ce monde rapide, connecté, bruyant… ce petit rituel de sel a quelque chose de doux. De lent. De réparateur.

Il ne demande ni appli, ni batterie. Juste un peu de sel, un peu de silence, et beaucoup de cœur.

On le fait pour un bébé après une visite agitée. Pour un ami au regard éteint. Pour soi-même, parfois, les jours où tout semble un peu bancal. Et c’est ok. Parce que ce geste, même ancestral, est profondément humain.

Tourner du sel autour de la tête, c’est…

  • Une arme douce contre les énergies sombres

  • Un mouvement d’amour discret

  • Un geste ancestral et instinctif

  • Une façon de dire : "je te protège"

  • Une tradition qui relie les vivants à leurs racines

Alors, superstition ou intuition ancienne ? Peut-être les deux. Mais une chose est sûre : tourner du sel autour de la tête, ça ne se moque pas. Ça se respecte. Ça se murmure. Et ça se transmet, de main en main, comme une chaleur invisible.

 

À propos de Salima Bachar

Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.

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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com

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