Couches pour bébé: comment expliquer le retour du lavable?
par Salima Bachar
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Tiens, encore un body à pression introuvable… et au fond du bac, devinez quoi ? Une couche lavable, toute propre, toute prête. Elle attend son tour. Elle n’est plus reléguée au musée des trucs "d’avant". Elle revient. Tranquillement. Et ça intrigue pas mal de monde.
Parce que oui, le lavable refait surface. Doucement mais sûrement. Et franchement, ça soulève plein de questions.
Le jetable… ça déborde
Il suffit d’ouvrir la poubelle après deux jours avec un bébé. Odeurs incluses. On jette, on jette… et on oublie. Pourtant, chaque petite couche bien ficelée finit quelque part. Dans un sac. Dans un conteneur. Sur Terre. Longtemps.
Et puis un jour, on se dit : stop. Trop, c’est trop. Une couche toutes les trois heures, pendant deux ou trois ans ? Faites le calcul. C’est pas une goutte d’eau, c’est un fleuve entier.
Alors certains changent de cap. Ils testent. Ils reviennent au lavable. Un peu comme on ressort un vieux pull en laine de grand-mère. Parce qu’il tient chaud. Parce qu’il dure. Parce qu’il sent encore quelque chose de vrai.
Parce qu’avant de plier une couche lavable comme un chef, on se pose souvent une autre question : est-ce qu’on ne passerait pas direct aux couches-culottes ?
Un choix qui gratte au début, mais qui plaît
On ne va pas mentir. La première fois qu’on manipule une couche lavable, on se demande si on est bien réveillé. Les pressions dans tous les sens, les tailles, les inserts, les trucs à plier… Une petite énigme en tissu.
Et puis au bout de quelques jours, ça roule. Ça se lave, ça sèche (quand il ne pleut pas quinze jours de suite), ça se range dans un panier en osier qu’on finit par trouver mignon.
Et surtout, ça fait du bien. Pas forcément à cause d’un discours écolo parfait, mais parce qu’il y a du concret. Un lien plus direct avec ce qu’on fait. Avec ce qu’on met sur les fesses de son bébé. Avec ce qu’on décide de ne plus jeter sans réfléchir.
Et puis, ces couches, elles sont belles. Des motifs rigolos, des tissus doux, des couleurs qui claquent. Certaines sentent même le coton propre après lavage, ce parfum très simple… qui fait du bien au moral.
Est-ce que c’est vraiment plus économique ?
Au début, non. Ça pique un peu au portefeuille. Une couche lavable coûte le prix d’un paquet entier de jetables. Mais elle ne dure pas une journée. Elle tient la route. Longtemps. Plusieurs années.
Et comme les enfants ne restent pas minuscules indéfiniment (heureusement, sinon on finirait par dormir debout), on peut les garder, les passer à un petit frère, une cousine… ou les revendre.
On achète une fois. Et puis on lave. Encore. Encore. Et encore. Un peu comme une vieille nappe de famille qu’on ne jette jamais, même quand elle est tachée de chocolat chaud.
Mais… il faut laver, non ?
Oui. Et c’est là que tout se joue. Parce que c’est pas magique non plus. Il faut rincer, faire tourner la machine, parfois faire sécher à l’intérieur, dans la salle de bain qui sent déjà le savon et les chaussettes mouillées.
Il faut un peu de patience. Un peu de logistique. Un panier spécial. Des pinces à linge. Un espace. Un rythme.
Mais on s’y fait. Comme à tout. Et parfois, ce petit moment à plier les couches encore tièdes sorties du sèche-linge, ça devient une routine rassurante. Une drôle de méditation textile.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce retour ?
Peut-être parce qu’on a envie de ralentir. D’avoir moins de choses qui nous échappent. Moins d’objets “jetables” dans nos vies “épuisables”. Peut-être parce qu’on est fatigués de courir après ce qui brille, alors que ce qui tient vraiment, c’est souvent ce qui ne fait pas de bruit.
Ou peut-être parce qu’on aime bien faire un peu différemment. Juste pour voir. Parce que notre voisin l’a fait. Ou notre cousine. Parce qu’on veut toucher ce que l’on utilise, sentir, choisir, nettoyer… pas juste cliquer et jeter.
Et puis, entre nous, voir son bébé gigoter dans une couche à fleurs avec des petites oreilles de renard au dos, ça vaut bien quelques lessives en plus.
En vrai, ce n’est pas un “retour”
C’est plutôt un glissement. Un petit mouvement de balancier. On n’abandonne pas tout du jour au lendemain. On mixe. On garde quelques jetables “pour sortir” (ou pour les grands-parents un peu frileux).
Mais dans le quotidien, dans les gestes répétitifs, on glisse du jetable au réutilisable. Pas par principe. Mais parce que ça commence à avoir du sens.
Comme une vieille chanson qu’on avait oubliée. Et qui revient dans notre tête. Un peu décalée. Un peu bancale. Mais terriblement familière.
FAQ – Tout savoir sur le retour des couches lavables
Est-ce que les couches lavables sont vraiment plus écologiques ?
Oui, globalement, elles le sont. On produit moins de déchets, on réutilise au lieu de jeter, et surtout, on garde un peu de cohérence entre ce qu’on pense et ce qu’on fait. Bien sûr, il y a les lessives, l’eau, l’électricité… mais tout compte fait, l’impact reste plus doux que celui des couches jetables qui, elles, dorment dans les décharges pendant des siècles. Une couche lavable, c’est un peu comme une tasse à café qu’on garde : au début, on doute, ensuite on l’adopte.
Combien coûte un kit de couches lavables pour bébé ?
En moyenne, entre 250 et 500 euros. C’est l’investissement de départ, le moment où on hésite un peu, forcément. Mais après quelques mois, on voit la différence. Plus besoin d’acheter des paquets chaque semaine. Et quand on fait le total sur deux ou trois ans… le lavable gagne haut la main. Sans compter qu’on peut revendre ou réutiliser pour un deuxième enfant.
Faut-il choisir des couches lavables TE1, TE2 ou classiques ?
Alors là, pas de réponse unique. Les TE1 (Tout-en-un) sont ultra pratiques : tout est intégré, on clipse, on ferme, terminé. Les TE2 (Tout-en-deux), elles, se démontent : la partie absorbante se lave séparément, donc ça sèche plus vite. Les modèles plus “classiques”, avec culotte de protection, sont souvent plébiscités pour la nuit. L’idéal ? Tester, tâtonner, trouver le bon rythme. Comme pour tout avec un bébé.
Est-ce que c’est compliqué à laver au quotidien ?
Au début, oui, un peu. Le temps de comprendre le bon dosage, les cycles, la lessive. Puis ça devient un automatisme. On rince les selles, on stocke les couches dans un seau bien ventilé, et on lance une machine deux ou trois fois par semaine. L’odeur du linge propre, le bruit du tambour… ça finit par devenir presque apaisant. On se reconnecte à un geste simple : prendre soin.
Peut-on mettre des couches lavables à la crèche ?
Certaines crèches disent oui, d’autres non. Tout dépend de l’équipe, de la place disponible, et parfois du courage de la personne qui change les couches dix fois par jour. Mais beaucoup de structures sont curieuses et ouvertes. En expliquant bien le système, en fournissant un sac de stockage, ça passe souvent très bien. Et puis, voir un petit cul tout doux en tissu, ça fait sourire tout le monde.
Les couches lavables provoquent-elles plus de fuites ?
Pas forcément. Si la couche est bien ajustée, bien absorbante et changée au bon moment, ça tient parfaitement. Les fuites viennent souvent d’une taille mal adaptée ou d’un insert trop fin pour la nuit. Mais soyons honnêtes : à 3h du matin, aucune couche au monde n’est infaillible. Le lavable ne fait pas de miracle, mais il s’en sort très bien.
Peut-on revendre ou donner ses couches lavables d’occasion ?
Bien sûr ! Il existe tout un marché du lavable d’occasion. Des groupes de parents, des boutiques de seconde main, des plateformes spécialisées. Les couches lavables se transmettent, se recyclent, se partagent. Et ça, c’est beau. Une couche qui sert à trois bébés, c’est une petite victoire sur la logique du tout-jetable. Et parfois, c’est même l’occasion d’échanger des astuces… ou des histoires de lessive.
Et au Maghreb ou au Moyen-Orient, est-ce que cette tendance s’installe aussi là-bas ?
Pas encore une marée, mais oui… quelque chose bouge. Dans les grandes villes du Maroc, de Tunisie, du Liban ou des Émirats, certains jeunes parents curieux commencent à tester les couches lavables. Par conviction, par conscience, parfois juste pour essayer. Souvent, ce sont des familles connectées, informées via les réseaux, qui veulent consommer autrement — ou consommer moins, tout court.
Mais ce n’est pas encore la norme. Le jetable reste roi, surtout pour sa praticité. On comprend : quand on vit dans un appartement sans machine ou sans espace pour faire sécher, le lavable peut vite devenir une galère logistique. Et puis, les couches lavables sont parfois rares ou chères en magasin local. Il faut commander, patienter, s’adapter.
Cela dit, la dynamique existe. Elle avance doucement, au rythme des lessives et des prises de conscience. Une voisine qui partage son expérience. Une influenceuse locale qui montre son panier à couches en story. Une grand-mère qui se rappelle : "C’est ce qu’on faisait avant".
Bref, dans cette région aussi, le lavable retrouve doucement le chemin des maisons. Pas partout. Pas chez tous. Mais ça frémit.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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