Quelles sont les couleurs symboliques de l'Avent?
par Salima Bachar
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Ces couleurs qui font vibrer l’Avent
On ne les choisit pas par hasard.
Elles ne sont pas là juste pour "faire joli".
Elles parlent, elles murmurent même.
Elles portent des siècles d’attente, d’espoir, d’histoires transmises sous les chandelles.
Et chaque année, dès que novembre s’essouffle… elles reviennent.
Tiens, comme de vieilles amies qu’on retrouve sans avoir besoin de mots.
Le violet : entre silence et solennité
C’est souvent la première qu’on voit.
Le violet. Un peu froid. Un peu noble.
Un violet qui ne cherche pas à plaire.
Il impose son ambiance. Sans forcer.
On l'associe à la pénitence, à l’attente, au recueillement.
C’est pas le genre de couleur qu’on met sur un pull moche de Noël.
Non. Lui, il préfère le velours. Les cierges. Le silence d’une cathédrale à moitié vide.
Il nous dit : “On se calme. On se prépare.”
Parce que l’Avent, à l’origine, ce n’est pas la fête. C’est la montée vers elle.
Ce violet, il est là pour dire que quelque chose se prépare en profondeur.
Un peu comme la terre en hiver, gelée, qui garde ses graines au chaud.
On ne voit rien bouger. Et pourtant… ça travaille.
Le rose : une éclaircie dans l’attente
Et puis… il y a ce moment. Ce troisième dimanche.
On l’appelle “Gaudete”. Ce qui veut dire “Réjouissez-vous” en latin.
Et bim, voilà que le violet s’adoucit.
On allume une bougie rose.
Pas Barbie, hein. Plutôt blush poudré, comme les joues quand il fait -2 le matin.
Le rose de l’Avent, c’est une respiration.
Un “tiens bon, on y est presque”.
C’est drôle comme une couleur peut faire ça.
Changer l’ambiance d’un dimanche.
Rassurer. Donner envie de faire un gâteau aux poires.
Ou d’envoyer un message qu’on retient depuis un mois.
Le rose, dans ce contexte, ce n’est pas juste "mignon".
C’est la promesse d’une joie qui arrive.
Mais chuuut… encore un peu de patience.
Le blanc : la lumière derrière la nuit
Lui, on le sort pour le grand jour.
Pas avant. Il ne tolère pas les demi-mesures.
Le blanc, c’est la lumière. Celle qu’on attendait. Celle qui surgit.
Le 24 au soir, il a sa pleine place.
Pas un blanc fade ou clinique. Non.
Un blanc étoilé, scintillant, neigeux. Un blanc qui sent l’encens et les chants dans la nuit.
Il est là pour dire : ça y est, c’est Noël.
On n’attend plus. On célèbre.
Et ce n’est pas un hasard si les prêtres, dans les églises, passent du violet au blanc pile à ce moment-là.
C’est codé. C’est ancien. Et ça continue à toucher.
Le vert : discret, mais essentiel
Ah, lui, on l’oublie parfois.
Mais il est partout.
Dans les branches du sapin. Les guirlandes de l’Avent. Les feuilles de houx piquantes.
Le vert, c’est la vie qui ne meurt pas, même en hiver.
Une couleur d’espérance. D’endurance aussi.
Il ne dit rien, mais il est là.
Comme une présence rassurante.
Il s’installe en fond. Il encadre. Il soutient.
Ce n’est pas la star. Mais sans lui… ça manquerait de racines.
Et l’or, dans tout ça ?
Vous l’avez vu venir, non ?
L’or, c’est ce petit clin d’œil lumineux.
Il n’est pas vraiment liturgique, mais il s’est invité avec le temps. Et il ne détonne pas.
Au contraire, il réchauffe, il célèbre, il met en valeur.
Une bougie dorée, une étoile brillante au sommet du sapin…
Il donne l’impression qu’on met ses plus beaux habits pour accueillir quelque chose de grand.
Et franchement ? C’est ce qu’on fait, non ?
Même une simple guirlande dorée peut faire battre le cœur un peu plus vite.
Il y a quelque chose de magique dans cette brillance, ce chatoiement discret.
Pourquoi ces couleurs ? Et pas d’autres ?
C’est une question qu’on se pose peu.
Et pourtant…
Pourquoi pas du bleu turquoise ? Du rouge flamboyant ?
(Le rouge, d’ailleurs, on y vient…)
Parce que ces couleurs suivent un langage ancien.
Celui de la liturgie. Du symbolique. Du sacré.
Et si ces nuances vous intriguent, vous pouvez jeter un œil à ce petit guide sur comment choisir la bonne couleur d’un ornement d’Avent, un lien tout doux, presque comme un conseil chuchoté.
Ces couleurs ne sont pas figées.
Elles glissent, elles changent, elles se modulent selon les régions, les familles, les traditions.
Mais elles gardent un fil rouge.
Elles racontent un passage.
Un avant. Un après.
Un chemin qu’on emprunte chaque année, presque sans y penser, vers quelque chose de plus grand que soi.
Et le rouge alors ?
Impossible de l’ignorer.
Il envahit les vitrines, les pulls, les chaussettes, les bonnets.
Mais le rouge n’est pas une couleur d’Avent à l’origine.
C’est une couleur de Noël. Ou même plus tôt, de Saint Nicolas.
Mais il s’est faufilé. Parce qu’il est chaud. Joyeux. Et qu’il fait battre le cœur.
On lui pardonne. Il met de la vie, du feu, du clin d’œil.
Cela dit… si on veut rester dans l’esprit liturgique de l’Avent, le rouge attendra un peu.
Juste un peu.
Petit point de repère : les bougies de la couronne
Oui, parce que tout ça ne reste pas que dans les tissus d’autel ou les livres anciens.
On les voit matérialisées dans la couronne de l’Avent :
- Trois bougies violettes
- Une bougie rose
- Parfois une cinquième blanche, au centre, qu’on allume à Noël
Et c’est fou comme ces simples couleurs peuvent changer une ambiance.
Créer un rituel. Apaiser une semaine stressée.
Donner envie de s’arrêter cinq minutes, entre deux courses.
Une question de ressenti
Au fond, peu importe qu’on soit croyant, ou pas.
Ces couleurs font quelque chose.
Elles installent une humeur, une émotion, presque une musique.
Le violet, c’est un silence feutré.
Le rose, une bulle d’air chaud.
Le blanc, un éclat dans la nuit.
Le vert, une promesse qui pousse en douce.
L’or, une chaleur douce au creux de l’hiver.
On pourrait presque les entendre.
Ou les goûter.
(Le violet aurait un goût d’épices… le blanc celui de la neige fraîche. Le rose ? Peut-être la framboise sur une tarte.)
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, on mélange. On adapte. On personnalise.
Certaines couronnes sont toutes blanches. D'autres, 100 % DIY avec des tons pastel.
Mais derrière ces choix, il y a toujours une envie de sens.
De créer quelque chose qui fait du bien, même sans qu’on sache pourquoi.
On sent que l’Avent n’est pas qu’une déco.
C’est un temps à part.
Un moment suspendu entre le gris de novembre et la folie des réveillons.
Et ces couleurs ?
Elles nous guident.
Comme des petits phares doux dans les soirées qui tombent trop tôt.
FAQ sur l’Avent : ce qu’il faut savoir (et ressentir)
C’est quoi exactement l’Avent ?
Ce n’est pas juste un calendrier en carton avec du chocolat douteux. L’Avent, c’est une période d’attente — la vraie. Quatre semaines pour préparer quelque chose d’autre que des listes de cadeaux. Dans la tradition chrétienne, on attend la naissance du Christ. Mais même sans foi particulière, l’Avent, c’est un temps à part, un sas entre le quotidien et le mystère.
Quand commence et quand se termine l’Avent ?
Il commence le quatrième dimanche avant Noël, donc la date change d’année en année. Parfois fin novembre, parfois tout début décembre. Et il se termine le 24 décembre au soir, juste avant que la fête explose. Ce n’est pas un mois classique, c’est un compte à rebours doux.
Pourquoi allume-t-on des bougies pendant l’Avent ?
Parce qu’on a besoin de lumière, surtout en hiver. Et aussi parce que ça rythme le temps autrement : une bougie par dimanche, quatre au total. C’est simple, mais ça touche. Chaque flamme éclaire un peu plus l’attente. On n’éclaire pas la pièce, on éclaire le cœur.
Quelle est la signification spirituelle de l’Avent ?
L’Avent, c’est un temps de préparation intérieure. Pas le genre de préparation à coups de to-do list. Plutôt un espace pour faire un peu de vide, se poser, respirer. Attendre, vraiment. Avec cette idée un peu folle qu’attendre peut transformer. C’est un temps de silence habité.
L’Avent est-il une tradition uniquement chrétienne ?
À l’origine, oui. Mais aujourd’hui, l’esprit de l’Avent a débordé. Beaucoup y voient une période pour ralentir, remettre du sens, allumer une bougie, écrire des vœux sans pression. L’Avent, version moderne, c’est un besoin partagé : celui d’un peu de paix dans la course folle de fin d’année.
Pourquoi le violet est-il la couleur principale de l’Avent ?
Parce que le violet ne crie pas. Il murmure. C’est une couleur de recueillement, de calme, presque de sobriété. Dans la tradition chrétienne, c’est la couleur de la pénitence. Mais dans l’ambiance de l’Avent, c’est aussi celle de l’attente profonde. Un peu comme un ciel d’hiver avant la neige.
À quoi sert la bougie rose dans la couronne de l’Avent ?
Elle arrive au troisième dimanche, celui de la joie (le dimanche “Gaudete”). Le rose vient casser un peu le rythme sérieux du violet. Il dit : "On tient bon, on approche." C’est une pause tendre, comme une éclaircie entre deux jours gris. Et franchement, ça fait du bien.
Peut-on vivre l’Avent sans croire en Dieu ?
Évidemment. L’Avent, c’est aussi un temps symbolique, un moment pour ralentir, remettre les choses à plat, créer du lien. Allumer une bougie, écrire une pensée par jour, faire une bonne action chaque semaine… C’est une expérience humaine, pas un formulaire de catéchisme.
Pourquoi l’Avent nous touche autant aujourd’hui ?
Parce qu’on manque de lenteur. De repères. De moments simples mais denses. L’Avent vient réintroduire du rythme dans un monde trop rapide. Il dit : “Tu as le droit d’attendre. Tu as le droit de respirer.” Et quelque part, on en rêve tous un peu, non ?
Est-ce que l’Avent a toujours duré quatre semaines ?
Pas toujours. Dans certaines traditions anciennes (comme à Milan), il durait six semaines. Mais aujourd’hui, partout ou presque, on garde les quatre dimanches. C’est un équilibre parfait : ni trop long, ni trop court. Juste ce qu’il faut pour que l’attente prenne racine.
Quel lien entre l’Avent et Noël ?
L’un prépare l’autre. L’Avent est une montée en silence, un crescendo. Noël, c’est l’explosion de lumière. Sans l’un, l’autre perd un peu de son sens. L’Avent donne de la profondeur à la fête. Il la rend attendue, désirée, presque nécessaire.
Pourquoi les enfants aiment autant l’Avent ?
Parce que tout y est : l’attente, les surprises, les rituels, les bougies… Et aussi parce que ça réveille notre part d’enfance, à nous aussi. Ce moment où l’on guette quelque chose, sans savoir vraiment quoi. L’Avent, c’est un peu magique. Même (ou surtout) quand on ne comprend pas tout.
Et puis, un mot qu’on ne dit pas assez.
Dans les terres du Maghreb et du Moyen-Orient, où l’appel à la prière rythme les jours, où le jasmin et la cannelle parfument les rues, les communautés chrétiennes vivent elles aussi l’Avent — parfois discrètement, souvent profondément. Au Liban, en Égypte, en Algérie, en Irak ou en Palestine… les bougies s’allument, les chants s’élèvent, les couleurs prennent sens.
Il y a, dans cette coexistence, quelque chose de rare. Quelque chose qui échappe au bruit du monde. Des traditions différentes, oui, mais une même sensibilité aux symboles, à la lumière, à la famille. On pourrait presque dire que l’Avent, avec ses silences et ses couleurs, trouve sa place dans ces pays où la spiritualité a mille visages, mais une seule chaleur humaine.
C’est ça aussi, La Maison des Sultans : parler de traditions avec le cœur ouvert. Sans frontières mentales. Sans œillères. Parce que célébrer ce qui unit n’enlève rien à ce qui nous distingue. Et que dans chaque flamme de l’Avent, on peut lire — si on prend le temps — une promesse de respect mutuel.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com