Couches culottes: comment ça fonctionnait avant?
par Salima Bachar
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C’était pas rose. Ni sec. Ni simple. Avant les couches jetables, il fallait laver. Réutiliser. Étendre au vent (ou sur le radiateur). Et surtout… s’adapter.
Un carré de tissu et basta
Pas de scratch. Pas de petit nounours imprimé. Juste du coton, ou du lin, ou des torchons. Oui, des torchons. Propres (en principe). Pliés en triangle, en rectangle, en origami improvisé. Ça dépendait des familles, des mains, des jours de lessive.
On plaçait ça entre les cuisses dodues du bébé, on serrait avec des épingles à nourrice (celles qui font flipper rien qu’à les voir aujourd’hui), et on espérait que ça tienne. Que ça déborde pas. Spoiler : ça débordait.
Et puis le plastique est arrivé…
Le slip en plastique : prison ou protection ?
Vers les années 50-60, on a eu l’idée géniale (ou sadique ?) de rajouter une culotte imperméable par-dessus le tissu. Une sorte de mini sauna pour fesses de nourrisson. Ça faisait "critch-critch" quand on le touchait, un bruit de bâche humide. Et l’odeur… une sorte de mélange entre lessive tiède et pipi tiède. Pas désagréable, mais pas exactement réconfortant non plus.
Certains enfants avaient les fesses rouges comme des tomates. Pas à cause des pleurs : à cause de la chaleur enfermée là-dedans. L’érythème fessier, cette star discrète des jeunes années.
Mais bon, c’était ça ou… le pipi dans le berceau.
Tiens, ça me fait penser…
À ces bassines en zinc. Vous voyez ? Celles qu’on traînait jusque dans la cour pour y frotter les langes. L’eau, glaciale l’hiver. Et puis la lessive en paillettes qui piquait les mains. Pas d’adoucissant senteur "fleur d’oranger du matin". Juste du savon de Marseille râpé.
On lavait à la main. On rinçait deux fois. Et parfois, les taches restaient. Parce que le lait maternel, c’est peut-être magique… mais côté digestion, c’est festival.
L’art du pliage et de la débrouille
Chaque grand-mère avait sa technique. On disait : "Tu plies en deux, tu rabats, tu croises". Il y avait les langes simples, et ceux renforcés (deux épaisseurs, pour les nuits). Et ceux bourrés d’un tissu éponge qu’on récupérait d’une serviette de plage déchirée. La récup avant l’heure.
Pas de tutos YouTube. Juste les yeux et les mains. Et parfois, un "tiens-toi tranquille" crié depuis la cuisine.
Le bébé gigotait ? On recommençait. Dix fois. Parfois plus.
Et quand on sortait ?
Une sortie, c’était toute une organisation. Pas question de glisser trois couches jetables dans un sac. Il fallait des langes propres. Des langes sales (dans un sachet). Une culotte plastique de rechange. Une serviette au cas où ça fuyait. Et un regard bienveillant des voisins (ou une fuite assumée dans le bus).
Les mamans flairaient le "drame" à distance. Une sorte de sixième sens olfactif. Elles savaient. Avant même que le bébé ne pleure.
Et dans certains coins ? On laissait l’enfant nu. Sur un tissu. En été. Moins de lessive, plus de liberté. Et puis, il paraît qu’ils marchaient plus tôt comme ça…
Et puis vient un jour où le bébé grandit. Bouge plus. Résiste au change. Et là, on pense aux fameuses couches-culottes. Mais à quel âge y passer sans galère ? Spoiler : il n’y a pas de règle magique.
Mais pourquoi c'était si... compliqué ?
Parce que c’était une autre époque. Moins de confort. Moins de choix. Mais plus de gestes… instinctifs. Plus de temps passé à changer, laver, plier, sentir. Une attention différente. Fatigante, oui. Mais peut-être plus connectée aussi ?
Et puis, c’était collectif. On demandait conseil à la voisine. On empruntait des langes. On séchait ensemble le linge sur la même corde, entre deux balcons.
Aujourd’hui, on clique, on commande, on jette. Plus rapide. Moins de galères, mais aussi… moins d’anecdotes.
Le pipi d’hier, l’or d’aujourd’hui ?
C’est drôle, non ? Le retour du lavable. Les jeunes parents se tournent à nouveau vers les couches en tissu. Plus douces, plus écolo, plus stylées même ! (avec imprimés flamants roses et tout le tintouin).
Sauf que cette fois, la machine à laver est là. Le sèche-linge aussi. Et les tutos ne manquent pas. En vidéo, avec musique douce et voix chuchotée.
Mais au fond, c’est toujours la même histoire : un bébé, une couche, un monde qui sent un peu fort parfois… mais qui grouille de tendresse.
FAQ – Couches culottes : comment faisaient les parents avant les jetables ?
Quelle était l’ancienne méthode avant les couches jetables ?
Avant qu’on balance des Pampers par paquets de 50, les bébés portaient… des langes. Du vrai tissu. Du coton, du lin, parfois de la vieille serviette découpée. On pliait ça soigneusement (ou à l’arrache, selon l’urgence), et on le coinçait entre deux petites cuisses potelées. Ça tenait avec une épingle à nourrice… ou avec de l’espoir.
Comment les langes étaient-ils lavés à l’époque ?
À la main, souvent. À l’eau glacée, dans des bassines en métal. On utilisait du savon de Marseille râpé, ou des copeaux qui grattaient les doigts. Les taches ? Pas toujours faciles à faire disparaître. On frottait, on rinçait, on étendait… et ça recommençait dès le lendemain. L’odeur de pipi tiède dans la buanderie ? Presque un parfum d’époque.
Les bébés portaient-ils des culottes en plastique ?
Oui. Et pas très respirantes. Ces fameuses culottes en plastique ajoutées par-dessus les langes servaient à éviter les fuites… en théorie. En réalité, elles créaient parfois de véritables petites serres tropicales autour des fesses. Résultat : rougeurs, chaleur, et bruit de bâche à chaque mouvement. Charmant.
À partir de quand les couches jetables sont-elles apparues ?
Les premières versions sont arrivées dans les années 1950, mais leur vrai essor date des années 70-80. Avant ça, c’était 100 % lavable, réutilisable, et pas franchement pratique. Une révolution silencieuse… mais bruyante côté pub : qui se souvient du jingle “Pampers, c’est la vie” ?
Est-ce que les langes d’autrefois sont revenus à la mode ?
Oh que oui. Les couches lavables modernes ont fait un come-back remarqué. Avec scratch, couleurs, jolis motifs et… machine à laver ! On en parle comme d’un geste pour la planète, mais aussi d’un retour aux sources. Sauf que cette fois, on ne frotte plus à la main. Et ça change tout.
Pourquoi utilisait-on des épingles à nourrice ?
Parce qu’il n’y avait rien d’autre. Pas de velcro, pas de boutons pression, pas de fermeture magique. Les épingles à nourrice tenaient le tout en place (quand elles ne piquaient pas au passage). Un peu flippant, mais courant. Et puis, on surveillait : pas question que bébé gigote avec une épingle mal placée.
Est-ce que c’était hygiénique, ces couches en tissu ?
Alors… c’était propre dans la mesure du possible. Tout dépendait de la lessive, de la fréquence de lavage, du séchage. Mais on était loin des normes actuelles. Parfois, le linge était à peine sec, encore tiède du poêle. Et pourtant, les bébés grandissaient. Comme quoi, la vie trouve toujours son chemin.
Quelle différence entre un lange et une couche lavable moderne ?
Le lange, c’est la version brute. Un tissu plié. La couche lavable moderne, c’est l’évolution stylée : forme anatomique, insert absorbant, matière anti-fuite… Un petit bijou d’ingéniosité. Mais l’idée reste la même : ne pas jeter, mais laver. Moins de plastique, plus de lessive. Et une bonne odeur de propre (ou pas, selon le moment).
Est-ce que les couches lavables sont meilleures pour la planète ?
Clairement. Moins de déchets, moins de plastique dans les poubelles, et un rythme plus doux. Bon, ça demande un peu plus d’organisation, on va pas mentir. Mais c’est un retour au réel, au quotidien. Comme un petit clin d’œil aux générations d’avant. Avec moins de bassines… et plus de confort.
Et au Maghreb ou au Moyen-Orient, on faisait comment ?
Même combat, mais avec des variantes locales. Au Maghreb, on utilisait souvent des tissus en coton ou en gaze, lavés à la main, puis séchés au soleil brûlant. Ce soleil, justement, jouait un rôle presque magique : il désinfectait, il blanchissait… il faisait gagner du temps (et de l’énergie).
Au Moyen-Orient, selon les régions, on retrouvait aussi des langes faits maison, parfois tenus par des cordelettes plutôt que des épingles. Les bébés étaient souvent laissés sans couche pendant les journées chaudes, posés sur des nattes, surveillés de près. Moins de couches, mais plus de vigilance. Et plus d’échanges entre femmes : c’était collectif, spontané, vivant.
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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