
Joumada al-Oula 2025: date et origine
par Salima Bachar
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Joumada al-Oula : un nom qui glisse comme du sable chaud
On l’entend parfois à la radio, on le lit dans un vieux manuscrit ou sur un calendrier lunaire, mais que cache réellement ce nom un peu mystérieux, Joumada al-Oula ? Ce n’est pas juste une case à cocher ou un mot qui sonne oriental. Non. C’est un frisson du temps, un pan d’histoire, un témoin muet des siècles qui passent. Une sorte de murmure entre les étoiles et les dunes. Et pourtant, combien savent encore ce qu’il signifie vraiment ?
Un calendrier pas comme les autres
D’abord, il faut le dire : Joumada al-Oula ne vient pas du calendrier grégorien qu’on utilise au quotidien.
Il vient du calendrier hégirien, aussi appelé calendrier islamique. Un calendrier lunaire, basé sur les cycles de la lune, et non du soleil. Résultat ? Les mois se déplacent chaque année.
Comme une mélodie qui ne se répète jamais tout à fait pareil. Joumada al-Oula est le cinquième mois de l’année islamique. Il suit Rabi’ al-Thani et précède Joumada ath-Thania. Oui, les noms ont une musicalité. Et si on tend l’oreille, on croirait presque entendre le vent du désert souffler dessus.
Et cette date, alors ?
Pour 2025, Joumada al-Oula devrait commencer autour du 23 octobre, selon les premières estimations astronomiques. Mais — et c’est là que ça devient intéressant — tout dépend de l’apparition du croissant lunaire. Ce fameux hilal, si mince, si fragile, qu’il faut parfois guetter à l’œil nu, en scrutant le ciel comme un chercheur d’or. Et chaque pays, chaque tradition, a ses critères.
Certains se fient à l'observation directe, d'autres aux calculs. Résultat : un petit décalage de un ou deux jours peut s’inviter dans la danse. C’est aussi ça, la poésie de l’imperfection. Le temps n’est pas figé. Il respire.
Mais pourquoi ce nom si particulier ?
“Joumada” vient du verbe jamada, qui signifie “être sec, figé, glacé”. Ambiance. Littéralement, Joumada al-Oula peut se traduire par “le premier mois de sécheresse” ou “le premier gel”. Pas très funky ? Peut-être.
Mais symboliquement très fort. À l’époque préislamique, ces mois étaient rattachés aux saisons. Et dans la péninsule arabique, cette période de l’année coïncidait avec l’hiver. Le sol se durcissait. L’eau se raréfiait. Tout se figeait. Comme si la nature, soudain, retenait son souffle.
Une origine qui remonte loin, très loin
On parle ici d’un système calendaire utilisé avant même l’islam, dans l’Arabie antique. Les tribus de l’époque avaient déjà leur propre manière de marquer le temps. Pas de montre, pas de smartphone. Juste le ciel, les étoiles, le souffle du vent, et l’expérience des anciens.
Joumada al-Oula existait déjà, sous ce même nom. Quand l’islam est arrivé, le calendrier a été conservé, mais réajusté. Il est devenu officiel sous le règne du calife Umar ibn al-Khattab, environ 17 ans après l’Hégire, soit en 638 de notre ère. Ce qui est beau, c’est que ce mois a traversé les époques, sans perdre son nom, ni sa symbolique.
Y a-t-il des fêtes ou des événements marquants ?
Contrairement à des mois comme Ramadan ou Dhou al-Hijja, Joumada al-Oula ne contient pas de grande célébration religieuse canonique. Pas d’obligation, pas de jeûne particulier. Et pourtant... ce mois n’est pas vide pour autant. Dans certaines cultures, il est le théâtre de récits, de transmissions orales, parfois même d’événements historiques importants. Des batailles, des alliances, des départs.
C’est un mois qui, historiquement, a vu naître — et mourir — de grandes figures du monde musulman. Dans les pays du Maghreb ou en Asie du Sud, certaines traditions locales lui accordent même une charge spirituelle douce, comme une invitation au ralentissement, à l’introspection hivernale. On y médite plus. On y prie peut-être avec un peu plus de gravité.
Ce que ce mois raconte de nous
Joumada al-Oula, c’est un peu le miroir de nos périodes de transition. Ces moments où on ne sait plus très bien si on avance ou si on stagne. Un entre-deux. Comme un pont entre deux rives. Le froid dehors, mais une lumière intérieure qui se cherche. C’est un mois qui porte bien son nom, finalement. Il évoque la sécheresse mais aussi la force silencieuse de ce qui résiste.
Ce n’est pas un mois flamboyant. Il n’a pas le panache du mois du sacrifice ni la ferveur du Ramadan. Mais il est là. Discret. Constant. Comme un roc.
Et dans nos maisons, que faire de ce mois ?
Chez La Maison des Sultans, ce mois pourrait être celui de la chaleur intérieure. On ne parle pas que de bougies parfumées ou de tapis moelleux (même si, entre nous, c’est toujours une bonne idée).
On parle de rituels doux, de soins du visage à l’huile d’argan, de bains d’ambre et de moments suspendus. On pourrait imaginer une infusion chaude à base de cannelle et de figue sèche. Une pause dans la journée, rien que pour soi. Un moment où tout s’apaise, même si tout continue dehors.
Car oui, prendre soin de soi en période de sécheresse, c’est presque un acte de résistance.
Un mois à honorer, sans tambour ni trompette
Au fond, Joumada al-Oula nous rappelle une chose essentielle : tout n’a pas besoin d’éclat pour avoir du sens. Il y a des mois discrets qui font le lien. Qui permettent de recharger, de préparer le terrain, d’observer sans agir.
Un peu comme ces silences qu’on n’écoute jamais, mais qui disent beaucoup. Et si ce mois, justement, nous invitait à cela ? À ralentir. À regarder nos journées autrement. À honorer le vide, le calme, la terre qui dort sous nos pieds. Sans bruit. Mais avec cœur.
A quels mois grégoriens correspond Joumada al-Oula 2025?
aux mois de octobre et novembre 2025
Année musulmane 1447: quel mois précède et succède à Joumada al-Oula 2025?
Le mois qui précède Joumada al-Oula est Rabi' al-Thani, et celui qui le suit est Joumada ath-Thania.
Quand démarre Joumada al-Oula 2025?
Le 23 octobre 2025 (date à confirmer en fonction de l'observation du croissant lunaire).
À propos de Salima Bachar
Salima Bachar est autrice pour La Maison des Sultans. Elle écrit avec la mémoire du sable, la douceur des rituels anciens et la richesse des secrets glissés entre les fêtes lumineuses et les rêves qui veillent. Beauté, bien-être, maison, voyages… Ses textes célèbrent les gestes discrets, les traditions vivantes et les symboles qui traversent le temps. Entre matières naturelles et récits sensibles, sa plume relie l’intime à l’universel, avec une voix sensorielle et profonde.
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Salima répond toujours : contact@lamaisondessultans.com